David Murray & The Gwo Ka Masters (Cité de la Musique - 9 Septembre 2005)
Aux portes de la salle, une déception sous forme d'affichette : la contrebasse de Jaribu Shahid est remplacé par la basse électrique de Jamaaladeen Tacuma (ce qui n'est pas forcément génant), et surtout le légendaire Hamid Drake est remplacé par le musicien de studio JT Lewis.
Entrée de la salle, surprise : places assises uniquement à l'étage, plafond noyé dans quelque fumée (qui permettra de jolis effets de lumière, plutôt inhabituels dans cette salle), ambiance de concert Rock sans le public correspondant.
Mais dès que les musiciens s'installent et lancent la machine, tous les doutes fondent : il va s'agir d'un concert de fusion World/Funk/Jazz de haute volée, sous forte dose d'adrénaline. Les deux maitres Gwo Ka, percussionistes et chanteurs, François Ladrezeau et Claude Kiavue, maintiendront tout au long du concert un feu roulant que JT Lewis renforcera discrètement. Tacuma à la basse et Hervé Sambe à la guitare apporteront la part Funk, en rythmiques bondissantes et dansantes (et le guitariste fera montre d'un spectaculaire spectre dans son jeu, de la ballade un peu fade, au Funk débridé, pour finir par un solo Hendricksien absolument extraordinaire). Au-dessus, trois souffleurs : Rasul Siddik à la trompette, un peu décevant sauf lors d'un beau solo de trompette bouchée ; Pharoah Sanders, pas au mieux de sa forme, imperturbable et marmoréen, puis se déridant peu à peu, pour finir par faire le clown en dansant et en utilisant son sax en trompe d'éléphant ; mais ses solos seront pour la plupart éclipsés par ceux de David Murray, maître de cérémonie, aux solos confondants de virtuosités et de force, intenses, variés, changeants, d'un son ample pour les acrobaties mélodiques à une saturation métallique pour les stridences Free.
La musique est basée sur les rythmiques Gwo Ka, résurgences créoles des racines africaines de la musique noire ; mais la formule est suffisament souple pour qu'ils la conjuguent en blues torride, ou en Reggae puissamment pulsant.
Le public suit le mouvement, heureusement, ondule, claque des mains, manifeste son plaisir, qui semble bien se communiquer à la scène. Après deux heures de cette forte musique et un petit rappel, nous repartons dans la nuit, un peu groggys.
Mise à jour : J'ajoute dans le Pot-Pourri du Pharaoh Sanders et du David Murray, interprétant l'un et l'autre du John Coltrane, dans des ambiances fort différentes.
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