dimanche 10 octobre 2004

Kurt Weill (Cité de la Musique - 9 Octobre 2004)

Der Silbersee - extraits

Oui, "extraits" seulement. Ce qui nous est proposé n'est pas une suite orchestrale, pensée par le compositeur en oeuvre musicale spécifique, mais des morceaux découpés dans la pièce d'origine (le livret n'est pas très clair : une pièce de théâtre avec musique ; j'ignore la proportion et la quantité de musique en jeu), et mis à la queue leu leu sans structure ni raison.
Du coup, à part le premier extrait, qui est l'ouverture et qui propose deux thèmes qui s'affrontent mélodiquement et rhythmiquement, les autres ne se basent que sur une seule idée, exposée, à peine variée, rapidement conclue. Sans l'alibi théâtral où ces morceaux musicaux accompagnaient l'intrigue ou présentaient les personnages, l'intérêt est fort faible.
Heureusement, quelques musiciens, et en particulier le trompettiste, Yohan Chetail, se distinguent par des solos particulièrement finement ciselés.

Symphonie n°2

Entendre de la vraie musique, structurée sur des durées plus longues que quelques minutes, avec plusieurs thèmes, des variations dans les couleurs orchestrales, etc., est un soulagement. Mais la pièce est curieusement froide. Le second mouvement est une marche funèbre, le troisième est plus vif, mais peu enthousiasmant non plus. Malheureusement, Weill n'est pas Malher. Le pathos passe mal, et cette symphonie sonne, non pas triste ou tragique, mais simplement lourde et quelque peu ennuyeuse. La fin, en cavalcade tonitruante, n'est guère plus convaincante.
Ce sera la dernière oeuvre non vocale de Weill. On peut comprendre pourquoi.

Die sieben Todsünden

Autrement dit, les 7 péchés capitaux. Cette collaboration avec Brecht est un de leurs chefs d'oeuvre. Première fois que j'entends cette oeuvre en concert, et je découvre avec joie des particularismes dont je n'avais pas conscience, comme l'alliance des pizzicati aux violons avec le banjo, ou le jeu des cuivres en fanfares de cirque.
Le choeur masculin est excellent, sans reproche. Par contre, la cantatrice Nancy Gustafson ... . Elle est tout simplement inadéquate. Elle manque de force vocale, et de précision dans l'articulation (dans la langue allemande, et dans la tenue de la mélodie). Apparement, elle tente de compenser en théâtralisant son interprétation, se penchant de droite, de gauche, faisant des courbettes au public, que sais-je encore, ce qui égare encore plus sa voix. Bref, une partie non négligeable de son discours (texte et musique) ne nous parvient pas, complètement noyé sous l'orchestre. Entre autres, les exquis "Nicht Wahr, Anna ? Ja, Anna" qui ponctuent la soumission de la soeur artiste à sa soeur imprésario (et maquerelle à l'occasion).
Au bout d'un moment, je décide de suppléer à ses carences en ne l'écoutant plus, me concentrant sur l'orchestre. C'est une bonne idée, car l'Orchestre Philarmonique de Radio France joue ces mélodies à la naïveté blindée d'ironie avec une délectation communicative. Et le jeune chef d'orchestre, Kirill Karabits, les entraine avec fougue et enthousiasme.

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