samedi 23 octobre 2004

Mathilde Monnier - Publique (Théâtre de la Ville - 22 Octobre 2004)

Suite à la crise de l'intermittence, certains artistes, dont Monnier, ont peur de s'être trop éloigné du public ; et pour séduire à nouveau, elle propose de ne plus utiliser de concept compliqué, mais choisit un alibi fort simple : sur un plateau presque nu (à part un "mur pour skate" vers le fond), neuf femmes dansent sur du PJ Harvey. C'est une danse assez brute de fonderie, qui reprend des pas de discothèques, jusqu'au clin d'oeil ou à la parodie. Mais qui extrait l'energie et le plaisir immédiat qu'il y a à se laisser aller dans la danse. Comme ce sont tout de même des danseuses qui s'exécutent, elles ont suffisament de maîtrise de leur corps et du langage de la danse, pour que l'intérêt demeure.
Malheureusement, Mathilde Monnier ne sait pas être suffisament radicale pour abandonner toute radicalité. Chassez l'intellect par la porte, il revient par la fenêtre.

D'abord par des touches parfois bienvenues, comme le fait que certaines figures d'ensemble se mettent en place entre les danseuses, ou même quelques éléments de scénographie, voire de scénario, telle la rencontre entre de fausses jumelles qui s'imitent et se jalousent, et par des touches plus crispantes, comme le montage de la musique de PJ Harvey, où les chansons, au lieu d'être données dans leur intégralité, se voient mélangées, voire hachées menu, commme au début du spectacle.

Mais c'est la fin qui saborde l'ensemble de l'entreprise. Les danseuses se mettent à réciter, dans des micros trimballés d'un coté à l'autre de la scène, les paroles des chansons. La sympathie bienveillante suscitée par l'absence d'ambition de l'artiste disparait, remplacée par un profond énervement : pourquoi ces micros, ces textes, ce théâtre du pauvre, ce retour aux mots, alors que le seul intérêt était dans l'abandon de ces artifices pour se contenter du seul mouvement des corps, du bonheur de s'abandonner à la musique, de renoncer à essayer de faire du sens ?
Du coup, elle perd sur les deux tableaux. Car si on est dans une "vraie" pièce de danse, alors elle est trop pauvre, trop primaire, dans un êtat bon pour la répétition, pas pour la représentation finale.

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