Fête de la musique "Bee Jazz" (Théâtre du Châtelet - 21 Juin 2011)
Le label Bee Jazz organise au Châtelet cette soirée où se succèdent trois formations, piano solo, duo piano saxophone, trio piano basse batterie. C'est bien sur l'occasion de faire un peu de promotion pour leurs albums récents, surtout pour "Aéroplanes" de Hoang et Delbecq, que Bee Jazz pousse en avant assez agressivement. Pas mal d'invités dans le foyer du théâtre ne semblent venus que pour eux ...
Guillaume de Chassy
Pour lutter contre la morosité, explique-t-il, le pianiste décide de nous offrir un bouquet de chansons. Les sources sont très diverses : folklore hongrois, Charles Trenet, Neil Young, du Prokofiev ... Les thèmes sont développés avec une grande assurance, et l'exploration mélodique des thèmes bénéficie de son sens de la construction, très solidement charpentée (les surprises rythmiques sont du coup rares). J'ai particulièrement aimé le traitement de "Like a Hurricane", avec une tension grandissante, par une saturation harmonique puissante, pédale de droite enfoncée, jusqu'à créer une chambre d'échos impressionnante, au milieu de laquelle il reprend la mélodie à nue, très bel effet de contraste. Jolie idée aussi pour le Charles Trenet, de ne donner la mélodie qu'à la fin, après avoir longuement cheminé loin du thème.
Antoni-Tri Hoang / Benoît Delbecq
On change de registre avec ce duo, à la musique plus aventureuse, plus fragile, qui me convainc plus sur leur disque que lors du concert. Delbecq prépare un peu le piano, puis reste toujours comme en arrière-plan (mais c'est je crois son style, il accole son univers original à celui de ses camarades de jeu, comme pour ne pas s'imposer). Hoang joue doucement, se lance dans ses compositions aux équilibres subtils, alterne entre saxophone alto et clarinette basse. Improviser avec un matériel si délicat et peu conventionnel, demandera peut-être un peu plus de temps à ces deux musiciens pour que ça fonctionne vraiment (ou à moi de me familiariser plus avec leur musique, le CD est là pour ça). Mais ce soir, moi, ça ne m'a pas emporté comme je l'aurais espéré.
Edwin Berg / Eric Surmenian / Fred Jeanne
Et pour finir, un trio à l'esthétique très inspirée des premiers trios de Bill Evans, que ce soit chez le batteur Fred Jeanne, finement coloriste, chez le pianiste Edwin Berg, sensible et frissonnant, jusqu'à son attitude corporelle de romantique torturé par les affres de la création, ou le contrebassiste Eric Surmenian, qui m'a fortement impressionné, touche délicate, solos poétiques, émotion à fleur de cordes, non pas en simple héritage plaqué de Scott LaFaro mais intégré dans son son personnel, superbe découverte.
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