Anne Paceo Quintet (Péniche Anako - 9 Juin 2011)
Depuis quelques mois, Anne Paceo a un nouveau groupe, un quintet, où elle compose tous les morceaux. Mais comme pour son trio Triphase, elle cherche un équilibre et un partage entre tous les musiciens, sans se mettre particulièrement en avant. Et de fait, ce quintet est splendide d'équilibre, parfois délicat, un assemblage subtil de duos entrecroisés.
C'est leur troisième concert, annonce-t-elle en préambule. Et il commence fortement en retard, Stéphane Kerecky arrivant sur les lieux après l'heure théorique de début. Les derniers ajustements de positionnement et de balance se feront donc lors des premiers morceaux. De plus, la petite scène de cette péniche où Anne Paceo tient une résidence mensuelle depuis le début de l'année ne pouvant contenir de piano, Leonardo Montana a opté pour un Fender Rhodes, ce qui impose un réglage fin pour ne pas empiéter sur le territoire de la contrebasse.
Et pourtant, la magie opère rapidement, dès la première chanson "Schwedagon" (une vidéo en a été enregistrée en Février). On y sent le plaisir que prend Anne Paceo à jouer sa musique, et qui irradie toujours aussi magnifiquement de son visage (à l'opposé de Kerecky qui restera comme crispé et fermé pendant une bonne partie du concert). On y entend l'excellent niveau des musiciens, autant les aguerris comme le guitariste Pierre Perchaud ou Stéphane Kerecky, ou les petits nouveaux comme Antonin-Tri Hoang, que je découvre et qui m'estomaque, par son assurance et sa grâce, sa manière de construire des solos comme des numéros de danse dans un escalier (montées et descentes à la limite de l'acrobatique mais en restant d'une grande musicalité, toute en virtuosité rythmique et subtilité harmonique).
Mais au-delà des solos, ce que je préfère sont leurs duos. Les échanges de Perchaud et Hoang, de Perchaud et Montana, de Montana et Kerecky, sont pleins d'un sentiment d'écoute, de respect, d'équilibre à trouver entre des sonorités parfois proches. C'est une musique qui respire, et qui emporte, dans de grands voyages où en entend parfois une patte Henri Texier, et à d'autres des souvenirs de pays lointains.
Si elle s'impose dans ce groupe comme une compositrice très attachante, elle reste aussi une batteuse. Dans ce rôle, elle se montre à la fois discrète et pleine d'énergie, une position assez paradoxale, où elle n'empiète pas sur les autres musiciens, mais où il suffit de l'écouter plus attentivement pour se rendre compte de la densité de son jeu, en plusieurs couches, joyeux et fluide.
Sur la page dédiée à ce quintet, on peut écouter quelques morceaux, en démo ou en live. Je mesure les progrès faits en quelques mois. Encore un peu de rodage, et ce sera un très grand groupe.
Pour le dernier morceau, Gueorgui Kornazov, venu avec quelques exemplaires de son nouveau CD, vient sur scène pour rugir férocement sur "Toutes les fées étaient là". Et Antonin-Tri Hoang lui répond sur le même registre, on peut ajouter la capacité d'adaptation aux cartes nombreuses de ce jeune homme ! (qui a par ailleurs rédigé un très intéressant mémoire sur "Finir la musique", disponible sur son éphémère blogue).
Spotify: Pierre Perchaud – Par quatre chemins, John Taylor Stéphane Kerecky – Patience
1 commentaire:
Oui, le charme et la force tranquille de Pacéo opère à chaque fois. Et ce pti lieu (la péniche Anako) qu'elle investit régulièrement pour animer des jam ou présenter des musiciens est EXTRA ... en cet été chaud, ce coin proche de l'eau est un MUST... il faut que j'y retourne au prochain passage...
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