samedi 24 janvier 2009

Dimitri Chostakovitch - Lady Macbeth de Mzensk (Opéra Bastille - 22 Janvier 2009)

Une cage de verre dans un clapier à lapin, une Marilyn de banlieue qui s'ennuie mortellement dans un bas-monde sordide, obligé de subir un beau-père pervers, un mari absent, des ouvriers libidineux et cruels, une humanité d'instincts, de pulsions, de violences : voilà un monde bien âpre.
La mise en scène de Martin Kušej, aux effets parfois spectaculaires (l'arrivée des policiers renversant les tables du mariage, l'apparition de la fosse finale, forme d'enfer souterrain humide et surpeuplé), parfois crus (un viol assez explicite, des corps à demi nus un brin trop nombreux), parfois plus subtils (cette palissade immuable et infranchissable, les chiens en début et fin), est adéquate.
L'Orchestre de l’Opéra de Paris, dirigé par Hartmut Haenchen, délivre avec fracas les marches grotesques et pastiches hauts en couleurs qui ponctuent la partition, mais sait aussi se faire glaçant dans les longs passages catatoniques, et de bout en bout brille dans les innombrables interventions solistes (j'ai été surpris par la part très importante de moments "de chambre", que les épisodes les plus bruyants, en fait rares mais particulièrement marquants, tendent à effacer). Le Choeur tient la double gageüre d'un chant impeccable et d'une présence scénique particulièrement forte, en ouvriers, policiers, ou prisonniers.
La distribution vocale est excellente : il n'y a guère de déception ou de reproches à faire à quiconque (un Boris qui commence un peu faiblard ? Mais il se rattrape vite). Mais ils sont tous écrasés par Eva-Maria Westbroek, tant par sa puissance vocale, sa présence scénique, sa caractérisation du personnage. A Katerina les chants les plus beaux, les aspirations les moins bestiales, les élans les plus sincères. Tomber amoureuse de Serguei, c'est pas très intelligent, et, illettrée, elle n'est pas du genre à avoir inventé la pelle à tarte. Mais elle assume cet amour dont elle a tant besoin, jusqu'au meurtre, et jusqu'à la mort (on meurt beaucoup, dans les opéras, surtout les héroïnes féminines, non ?).
Deuxième sortie de l'année avec les prosélytes lyriques (dont une malade, une épuisée, et une éclopée, une fière assemblée !), et un spectacle assurément marquant.

Ailleurs : Zvezdoliki, Palpatine, Joël, Aligateau, Didier van Moere, guillaume, ...

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