Trilok Gurtu - 20 ans de talking tabla (Salle Pleyel - 6 Novembre 2008)
C'était quoi, ce concert ? Du jazz, ou de la World ? Trilok Gurtu pose la question dès le début du concert, expliquant que le terme "World" n'existant pas à ses débuts, on disait alors "Jazz". Mais aujourd'hui ? Avec comme invités Jan Garbarek d'une part, et Oumou Sangaré de l'autre, il joue l'ambigüité ; et précise aussi que le concert aura ses erreurs, puisqu'ils sont, quoique sur scène, humains. Aveu d'une préparation déficiente ?
Bref, au départ, on a donc Trilok Gurtu, dont les tablas sont montés comme éléments de la batterie, elle-même parfois aidée électroniquement ; Roland Cabezas à la guitare et Johann Berby à la basse assurent la conduite harmonique des morceaux, sans trop se mettre en avant ; le rôle lyrique est tenu par le violoniste Carlo Cantini, qui me crispe au départ (un son disons trop joyeux et plein, pas assez subtil) avant de s'imposer comme élément clé de l'ensemble, assumant et assurant pleinement le premier plan ; enfin, Phil Drummy utilise quantité d'instruments, percussions, didgeridoo, flûte, saxophone (pas sa meilleure idée, quand Garbarek est aussi sur scène ...) - j'ai de loin le plus aimé ses interventions sur une sorte de cymbalum, une sonorité qui au moins n'entrait en concurrence avec personne.
Et les invités. Je découvre la chanteuse malienne Oumou Sangaré, voix magnifique. Et voie pour la première fois Garbarek, qui possède une aura sur scène un peu semblable à celle de Marc Ribot, arrivant avec son instrument dans son étui, puis jouant de sa manière inimitable et superbe.
Le problème, c'est la mise en place de l'ensemble. Pour un magnifique duo Garbarek - Sangaré où ils alternent en questions-réponses, et où elle laisse sa voix s'envoler dans des pirouettes élancées, il y a de nombreux passages à vide, où ils semblent se demander quoi jouer, où se placer, comment s'organiser. Ce ne sont pas les invités qui sont en cause, les morceaux sans Sangaré sont un vrai tunnel où Garbarek joue son pire coté pop abstraite et glacée. C'est d'esprit d'équipe que ça manque, de capacité d'écoute et de relance, et c'est l'ambigüité initiale entre Jazz et World qui limite finalement la musique jouée, des deux cotés. On a parfois l'impression de ces gloubi-boulga mélange des cultures, où au lieu de s'enrichir, elles se réduisent à leur plus petit dénominateur commun.
Le bis est le pire moment, où d'une manière totalement anarchique, Gurtu, Berby, ou Sangaré, exhortent le public à participer, en tapant des mains, en répétant des phrases rythmiques, ou en chantant des ritournelles africaines, parfois en même temps ...
Le "dialogue des cultures" était autrement passionnant entre Eric Harland et Zakir Hussain.
Ailleurs : Télérama
4 commentaires:
Ouf, me voici rassurée. Je me disais bien qu'il y avait un peu trop de monde sur scène à mon goût, et je n'avais pas pris de billets..
En tout cas, je vois très bien ce que tu veux dire "Gloubi goulba" : c'est un travers assez fréquent du jazz-fusion-world !
Et oui, oui, oui, Harland & Hussain avaient mis la barre très très très haut! (Tu y étais aussi ?!)
Ben ... oui, j'y étais !
(à quoi ils servent, mes billets "planning", scrogneugneu)
Sur ce concert, tu peux lire l'avis sur Télérama, très légèrement plus positif, pour relativiser mon compte-rendu.
Humm, quoique dans le cas précis "sangam", le billet "planning" ayant été rédigé quelques jours *après* le concert ... (oups)
J'avais plutôt aimé ce concert, tellement différent des spectacles auxquels j'assiste d'habitude, mais il est vrai qu'à certains moments, j'aurais volontiers coupé le son du violoniste pour pouvoir mieux entendre Garbarek.
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