Allemagne Année Zéro (Cité de la Musique - 4 Novembre 2008)
Accompagner par de la musique jouée live la projection d'un film, c'est presque banal. Mais habituellement, il s'agit de film muet. Ce que "Allemagne année zéro" de Rossellini n'est assurément pas, ce qui rend ce projet plus étrange.
Les trois musiciens commencent à jouer sous l'écran encore vide, ce qui permet de gouter plus tranquillement leur style. A la batterie, Chris Corsano, jeune échalas au CV déjà bien fourni et fort divers, alterne entre tous types de baguettes avec maestria, et complète sa batterie en déposant sur les futs des coupelles ou autres petites cymbales, pour un jeu mutant. Mutant aussi, le son que John Edwards tire de sa contrebasse, grognements et grincements, prédominances telluriques, voire souterraines. Enfin, Evan Parker, l'ainé et leader, reste dans des domaines presque tendres, une forme de douceur apaisante.
Lorsque le film commence, les choses se compliquent, puisque la bande originale apporte son propre univers, musique symphonique assez moderne pour l'époque (1947), mais que les techniques d'enregistrement de l'époque ont quasiment privé de basse. Le duo Corsano Edwards y remédie, et leur base rythmique concassée et pierreuse propose un contrepoint pertinent aux ruines berlinoises, et au climat moral décomposé. Le saxophone de Parker essaie peut-être plus d'unir les deux matériaux sonores.
Comme le trio se tait pendant les dialogues, il y a quand même une sensation de gachis par rapport à l'utilisation de pareils talents musicaux dans de telles circonstances, où on ne les entend finalement guère, et où leur présence, qui n'est que de complément, par rapport à un film aussi fort, ne s'imposait finalement pas.
Etrange projet, donc. Je suis content d'avoir vu "Allemagne année zéro", que je ne connaissais pas, mais pour la musique, j'espère pouvoir écouter un jour Evan Parker dans un cadre moins limitant.
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