lundi 11 février 2008

Johann Sebastian Bach - Messe en Si mineur (Salle Pleyel - 10 Février 2008)

Première audition de ce monument de la musique sacrée. Difficile d'en apprécier l'ampleur et les échos. Dans sa construction générale, cela ressemblerait à une très grande cantate, mais sans récitatifs ; du dense, donc. Sans ces respirations au milieu des chants, les équilibres sont à trouver différemment. Mais l'ambition aussi est supérieure : non pas de petites églises construites sur mesure pour le texte du jour et l'humeur inspirée, mais une cathédrale testament, digérant deux siècles de musique religieuse pour en élaborer la somme et le dépassement.
Première audition, donc, difficile de définir les qualités particulières de cette interprétation. Merci au Concert Spirituel de nous faire grâce des interminables séances d'accordages habituelles aux orchestres baroques. Et merci à Hervé Niquet de garder le propos léger, sans forcer sur le dramatique ou l'impressionnant, mais gardant tant que faire se peut une belle fraicheur et un allant vigoureux.

Quelques vues, glanées au cours du voyage. Moment préféré du Gloria : "Domine Deus", duo Judith Gauthier - Richard Edgar-Wilson, les remplaçants du jour, délicatement enveloppés d'une flûte volubile. Moment le plus douloureux : "Quoniam", où la basse de João Fernandes chancelle au-dessus de deux bassons peu surs. Suivant la recommandation palpatienne, concentration raffermie après l'entracte pour le Credo, où brille particulièrement le "Crucifixus" (extrait du BWV 12 qui reste une de mes cantates favorites). Dans la suite finale des choeurs énormes, l'"Agnus Dei" est un sommet où le soudain dépouillement permet à Philippe Jaroussky de donner sa pleine mesure, grande émotion. Et le "Dona Nobis Pacem" conclut dans la simplicité de la ferveur humble ces deux heures d'éternité.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'étais aussi à ce concert. C'était la troisième fois que je voyais une représentation de la messe en si mineur (une de mes œuvres préférées) et ce fut l'interprétation qui m'enthousiasma le plus, malgré le remplacement de deux solistes. Cependant, je n'aimai pas ce Domine Deus autant que toi. Si j'appréciais le chant de Judith Gauthier, j'était moins convaincu par le ténor Richard Edgar-Wilson. Pendant ce duo, je trouvais qu'il chantait trop fort et couvrait un peu le chant de sa partenaire, qui pourtant ne déméritait pas.
Parmi les passages qui me plaisent le plus, il y a le Laudamus Te, interprété ce jour-là par Philippe Jaroussky, et aussi le Osanna pour double chœur où les solistes assurent la fonction du deuxième chœur (ce numéro étant chanté deux fois, j'étais aux anges).
La première fois que j'ai assisté à une représentation de cette messe, je fus presque choqué en entendant les premières notes de ce Osanna : je venais de comprendre qu'il était extrait de la cantate profane Preise dein Glücke, gesegnetes Sachsen (BWV 215).
En fait, la plupart des morceaux de cette œuvre sont issus d'autres cantates (en procédant à l'écoute de l'intégrale Helmuth Rilling, j'ai recensé une partie de la correspondance).