dimanche 17 février 2008

Orchestre du Chantier - Musique de films (Le Chantier - 16 Février 2008)

Il faut plonger profondément dans les entrailles de la maison associative et religieuse "le Chantier" pour accéder à la salle de spectacles, où quelques agrès de gymnastiques, et de fières maximes morales en décorations murales ("ce qui mérite d'être fait mérite d'être BIEN fait"), laissent deviner de multiples usages.

Nous ne dirons rien de l'apéritif choral, très ... amateur.

Juste aux cors

Comme son nom l'indique, il s'agit d'un ensemble de cornistes, une douzaine, parfois accompagné d'un percussionniste, issus de grands orchestres parisiens.
Pour se fondre dans la thématique, ils joueront une suite extraite de "West Side Story" (excellente, pleine de verve et d'allure), une "Trilogie Stars" reprenant "Star Wars", "Star Gate" et "Star Trek" (amusant mais un peu facile - une concaténation des trois génériques, comme une compilation séries TV), "Titanic" (où je m'aperçois que la musique ne me renvoie à aucune image du film - sans doute parce que les moments sonores que j'y préfère sont ceux où on n'entend que le bateau qui craque, la vaisselle qui se brise, et l'eau qui monte ; la musique orne surtout la partie romantique du film, qui n'est pas son principal intérêt), et une "Olympic Fanfare" de John Williams, particulièrement ronflante. Ils réservent leur meilleur morceau pour le bis : une transcription aux petits oignons de "Bohemian Rapshody", à la fois parfaitement fidèle à l'original, et parfaitement adéquate à la sonorité bien particulière de l'ensemble.
12 cors, avec différents types de sourdines, ça donne quoi ? c'est chaud, ça vibre et ça brille, mais l'image qui s'impose à moi est : on dirait une huile de friture bouillonnante (quelque-chose de gras, et pour des appétits pas trop délicats - mais capable de mets roboratifs et surprenants). L'ensemble est jeune, et manque peut-être encore de répétitions : ils se piègent par moments eux-mêmes, en s'imposant des doigtés trop véloces dans les aigus, qu'ils n'arrivent pas à suivre. Mais l'idée est très sympathique ! S'ils ont un budget, il faudrait qu'ils passent des commandes à de jeunes compositeurs !

L'orchestre du Chantier

Un orchestre d'amateurs, mais d'un bon niveau d'ensemble (quelques couacs individuels, mais pas de panique générale !). Pour "Le Seigneur des Anneaux", ce sont surtout les moments tranquilles du Comté (Shire) qui sont privilégiés, Sam et Rosie plutôt que Aragorn et Arwen par exemple. Là, les images surgissent. Par contre, pour "Gladiator", aucune. Il faut dire que le pompage de "Mars" de Gustav Holst (omniprésent dans toute musique hollywoodienne : épique = "Mars le porteur de guerre" de Holst, dramatique = "Mort de Siegfried" de Wagner ; dixit Klari, Zimmer fait les deux, bravo !) est ici particulièrement assourdissant. Suit "Le Fantôme de l'opéra", qui m'a semblé interminable. Entre ensuite une invitée spéciale, Caroline Vernay, violoniste de l'Orchestre de Paris, pour "La Liste de Schindler", un concerto pour violon, en somme, où aucune image ne me vient du film, mais où la musique suffit à créer l'émotion. Pour une fois, John Williams s'aventure hors des blockbusters, où la musique doit indiquer l'émotion requise par des clichés compréhensibles aux premières notes, et écrit quelque-chose qui ressemble vraiment à de la belle musique ! Heureusement, "Indiana Jones" permet de se remettre dans les bons gros clichés : de l'aventure ! de l'action ! Les trompettes ont malheureusement un peu de mal - lors de la reprise du morceau en bis, ils seront bien plus à leur aise debout ! Enfin, "Mission Impossible" : ça roule et ça tangue, et ça s'accroche à un bassiste électrique qui saura rester imperturbable au coeur de la tempête et indiquer aux rangs un peu perdus par moments la bonne ligne rythmique ; excellente idée, ce bassiste, qui donne un splendide tonus au morceau ! Beaux solos des vents, également.
Il n'y a que dans ces concerts amateurs qu'on entend dans le public pleurer un bébé (et c'est tellement plus agréable qu'un bonbon lentement dépiauté par exemple), et sur la scène longuement tousser une violoniste (pendant que Vernay jouait - pas très cool). Par contre, il faudrait qu'ils pensent à un buffet pendant l'entracte : ça demande de l'organisation, mais c'est agréable pour le public, et je pense rentable pour l'association !

3 commentaires:

Klari a dit…

Merci pour ta critique ( bien évidemment reprise en lien chez moi). Et surtout merci d'avoir écrit une critique très sympa : après tout, tu es habitué à autrement meilleur :-)

A bientôt,
Klari

Klari a dit…

Je te rejoins complètement pour Schindler. La partition est surprenante. Autant les autres oeuvres de Williams semblent hurler "youpi, tra-la-la-laaa, le héros arrive", l'accompagnement orchestral semble plus évoquer une plaine polonaise brumeuse, le soleil du petit matin encore caché derrière les nuages. Les harmonies sont beaucoup plus complexes que dans du Williams de base, ce qui rend l'oeuvre bien plus difficile à jouer malgré son tempo plus détendu.

Pour la petite histoire, quand Spielberg avait demandé à Williams de composer pour ce film, celui-ci aurait répondu "Non, tu as besoin d'un meilleur compositeur que moi our ce film". Et Spielberg aurait répondu "Je sais! Mais ils sont tous morts!".
Bref, çà m'a arraché un sourire...

bladsurb a dit…

Pourtant, une partition écrite par John Zorn, par exemple, ça aurait surement eu de l'allure ...