vendredi 11 mai 2007

Cantus Cölln - Cantates de Bach (Cité de la Musique - 10 Mai 2007)

Konrad Junghänel opte pour une version vocalement allégée des cantates : aux quatre solistes d'assurer seuls les choeurs. Cela nécessite des voix suffisament homogènes et puissantes, ce qui partiellement atteint. La soprano Sabine Goetz est magnifique, brillante et intense ; le ténor Hans Jörg Mammel offre une onctuosité parfaite de bout en bout ; la basse Wolf Matthias Friedrich cabotine à loisir, visuellement, mais sa voix reste heureusement plus sobre ; l'alto Elisabeth Popien est sans doute le maillon faible ce soir, en déficit de puissance, à moins que ce ne soit une option de chant, mais que je comprends mal, en particulier dans l'aria "Kreuz und Krone sind verbunden", où il faut presque tendre l'oreille pour entendre la chanteuse sous l'air envoutant du hautbois.

Des trois cantates choisies ce soir, il y en a une que j'aime particulièrement, une que je ne connais pas du tout, et une enfin que j'ai sur disque mais n'ai pas vraiment repérée. Surprenant, elles commencent toutes trois par une plage instrumentale.

"Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen" (BWV 12).Ah, la sinfonia initiale, ressac poignant, violons en écho, hautbois dans la tristesse surmontée. Puis le choeur, dans un tempo ralenti à la limite du maniéré, mais où le tuilage des voix solistes fonctionne parfaitement, dans le recueillement comme dans l'énergie bondissante de la section centrale. Et puis l'aria d'alto, où la chanteuse me déçoit un peu, mais Stefanie Haegele nous régale au hautbois. C'est ensuite à Adrian Rovatkay de briller au basson, insufflant un rythme plein de verve sous les cordes. Bref, un grand moment. Pour l'aria de ténor, une trompettiste apparaît dans la galerie, position de l'ange, appels aériens au-dessus de l'orgue bien terre-à-terre. Ais-je dit que c'est une de mes cantates préférées ?

"Gleich wie der Regen und Schnee vom Himmel fällt" (BWV 18). Je ne connaissais pas. Sinfonia / Recitativo / Recitativo / Aria / Choral. Le morceau de bravoure est donc le double récitatif, où les voix se succèdent et se répondent, s'agrègent parfois en effet choral, pour des effets dramaturgiques en miniature.

"Himmelskönig, sei willkommen" (BWV 182). Une petite sonate (avec ce spécial moment, où les cordes passent du pizzicato minimal à l'archet, épanouissement), un choeur en canon magnifique (où là encore, la réduction des voix fait merveille), des arias qui me marquent guère, et enfin deux choeurs, pour une fois atypiquement légers et développés (le choeur final des cantates est souvent court et massif, comme pour s'assurer que le public comprenne que c'est bien terminé !).

En bis, un "Jésus que ma joie demeure", aux couleurs tendrement printanières.

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