jeudi 26 avril 2007

Luciano Berio - Chemins et Sequenzas (Cité de la Musique - 25 Avril 2007)

Un concert très structuré : Sequenza pour hautbois - Chemins pour alto - Chemins pour hautbois ; Sequenza pour violon - Chemins pour piano - Chemins pour violon. Ce qui permet à l'auditeur de goûter l'extension du chemin par rapport à la sequenza, et à l'instrumentiste de retrouver son souffle.
L'EIC est en terrain connu, puisque tout ce qui est joué ce soir est dans le magnifique coffret Sequenzas ou sur le disque Sony Boulez EIC pour les Chemins ; un brin trop connu - j'ai du mal à me concentrer pleinement sur la musique.

Sequenza VII pour hautbois

Edoardo Sanguineti : "ton profil est un de mes paysages frénétiques, tenu à distance / c'est un feu d'amour faux, minimal : il est mort"
Un Si bécarre plane en fond sonore, obsédant, un peu trop fort peut-être, autour duquel gravitent les arabesques désespérement virtuoses de Laszlo Hadady, papillon qui tournoie autour de la lampe.

Chemins II (su Sequenza VI) pour alto

Les neuf musiciens autour de Odile Auboin habillent son discours de textures multicolores, pour un résultat complexe, aux couches multiples, à travers lesquelles elle parvient à briller, imposante. Pour une fois, Christophe Desjardins est assis, qui fut longtemps le seul altiste de l'EIC et m'impressionna durablement lorsque je l'entendis jouer la première fois la Sequenza VI, arrachant des touffes de crin de son archet malmené (Auboin doit jouer avec du synthétique : pas un poil qui dépasse).

Chemins IV (su Sequenza VII) pour hautbois

Onze cordes pour accompagner Hadady. Il ne tourne plus autour de la lampe, mais dans une prison piranésienne dont les cordes dessinent l'architecture fantasque et implacable.

Sequenza VIII pour violon

Edoardo Sanguineti : pour toi j'ai multiplié mes voix, mes vocables, mes voyelles / et je clame maintenant que tu es mon vocatif"
Hae-Sun Kang joue sans partition, comme d'habitude très concentrée, comme d'habitude extraordinaire d'intensité, malgré un départ un peu dérapant.

Points on the Curve to Find... pour piano

C'est une pièce qui avance par segments, selon un principe de permutation, qui lui donne une colonne vertébrale très strict sous un dehors volubile. Sébastien Vichard au piano - r.a.s.

Corale (su Sequenza VIII) pour violon

Un violon soliste, un orchestre à cordes en-dessous (et deux cors). C'est sans doute mon "chemins" préféré. Interprétation très ample, beaucoup d'espace et de respiration donnés par Susanna Mälkki.

1 commentaire:

Unknown a dit…

La musique de Berio à l'image d'un grand vin vieillit bien. Elle devient de plus en plus raffinée, sereine, calme. Même si le compositeur avec sa technique particulière arrive a créer la tension, c'est toujours dans un mouvement harmonieux, comme une sinusoïde qui se déploie.

Très belle soirée musicale.

Patrick.