dimanche 14 janvier 2007

Korcia Sokhiev (Salle Pleyel - 13 Janvier 2007)

Claude Debussy - Prélude à l'après-midi d'un faune

J'ai déjà entendu pire ; mais on est loin de mon idéal, pour cette pièce qui devrait être un ensorcellement. Les parties les plus ténues sont d'une lenteur vraiment exagérée, la flûte semblant figée, à en perdre le mouvement général de la mélodie ; les parties les plus orchestrales sonnent plus raveliennes que debussystes, un son épais et voluptueux plus que délicat et frémissant. J'ai l'impression que Tugan Sokhiev veut imposer sa vision personnelle, au lieu de simplement obéir à la partition ; défaut de son jeune âge.

Ernest Chausson - Poème

Après une introduction sommaire, Laurent Korcia dégaine son violon. Et c'est beau. Splendide même. Une technique extraordinaire, une impeccable maîtrise, et une émotion constante au bout de son archet. L'Orchestre National du Capitole de Toulouse joue les utilités, modeste et attentif à ne pas déranger le soliste. Intense moment de bonheur musical.

Maurice Ravel - Tzigane

Korcia reste impeccable, et l'orchestre à plus de place pour s'exprimer. Mais la partition me séduit beaucoup moins. C'est virtuose, mais guère autre-chose. Aucune "nécessité impérieuse" dans ces épisodes agités, brillants, mais parfaitement anecdotiques.
En bis, Laurent Korcia sort le grand jeu, avec une interprétation éclatante de la Troisième sonate "Ballade" d’Ysaÿe (merci Simon Corley), intensément polyphonique, où deux (parfois trois ?) lignes mélodiques s'entrecroisent, sans qu'aucune difficulté technique ne vienne faire trembler le virtuose, ni sueur, ni grimace, juste la musique.

Antonin Dvorak - Symphonie 9 "Nouveau Monde"

Sortez les tubes ! C'est une des rares symphonies où je comprendrais qu'on autorise à applaudir entre les mouvements, tant chacun d'eux s'achève en apothéose. Là, Tugan Sokhiev trouve la matière sonore à pétrir à pleins bras, qu'il avait créé de toutes pièces chez Debussy. Malheureusement, il insiste également pour ralentir les musiciens, ce qui donne un largo un peu lourd. Cela passé, entre exaltation des vastes espaces américains, et nostalgie du pays natal, le voyage à grands traits de thèmes massifs se déroule sans anicroches, et obtient le triomphe attendu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je vous envie beaucoup.
Je suis arrivé à 20h01 sans place et forcément je suis resté à la sortie.
Je me consolerai avec mes cédés du poème de chausson et des sonates d'ysaye, mais rater korcia c'est dommage, c'est le violoniste actuel le plus libre.

Nanak