Richard Wagner / Gustav Mahler (Cité de la Musique - 12 Octobre 2005)
Richard Wagner - Prélude et Mort d'Isolde
Dès l'accord fondateur, l'orchestre national de Lille installe sa très belle sonorité. Ce qui frappe surtout, c'est sa limpidité, la transparence même lorsque la texture s'épaissit, la lisibilité parfaite et constante. Le prélude est splendide, gorgé d'émotions ; certaine montée vers l'apex, soutenue de roulement de timbale, me met au bord des larmes. La mort d'Isolde est juste un peu moins exaltante : les cordes trop en avant ici, quelques instruments pas tout à fait en place là. Défauts mineurs, moment de grand bonheur.Gustav Mahler - Le Chant de la Terre
Sans entracte, viennent encadrer Jean-Claude Casadesus le ténor Donald Litaker, et la mezzo-soprano Birgit Remmert. Saisissant contrastes entre les deux chanteurs : lui, tel un torrent rempli de rocailles, surjoue l'exaltation désespérée, ponctue son texte d'articulations proéminentes, change soudain de densité ou de volume, hallucine la moitié du temps ; elle, brise au-dessus du lac, intériorise la douleur pour mieux la polir, fragilité qui impose le respect, dame de verre au regard perdu dans sa mélancolie, voix posée pas si loin de l'abîme.L'orchestre dirigé par un Casadesus nerveux et impératif, brille principalement dans les moments "musique de chambre", avec de merveilleuses interventions à la flûte ou à la clarinette, des alliages sonores surprenant mais réussis dans les tintements aigus, dans les harpes, dans les coups de butoir des contrebasses. Dans le début du "Solitaire en automne", c'est la ritournelle des violons qui me bouleverse. L'épanouissement sonore à la fin de "L'adieu" arrive comme une surprise : quoi, déjà fini ?
Lecture moins impressionnante que l'an dernier, plus impressioniste. Retour en bus près du chauffeur, Paris la nuit nimbé de mélodies mordorées. Autre avis chez Patrick Antoine.
Mise à jour : J'ajoute dans le Pot-Pourri un Rückert-Lied, et un Wesendonck-Lied (que de voix ! que de voix !).
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