Bill Frisell transcrit John Lennon (Cité de la Musique - 29 Octobre 2005)
Je n'aime pas les Beatles, je ne connais pas grand-chose à l'oeuvre solo de John Lennon, la guitare est loin d'être mon instrument préféré, et le format "chanson" en général m'ennuie. Que fais-je donc à ce concert, où un guitariste transcrit des chansons de John Lennon ? Parce que Bill Frisell. Guitariste éclectique dans ses projets, accompagnant un trio à cordes ici, un bidouilleur électronique là, éclectique dans son style, gorgé de blues traditionnel ici, frolant le contemporain répétitif là, et pourtant toujours très reconnaissable, un son un peu liquide, muté par le biais de multiples pédales d'effet.
Ce soir, il est accompagné de la violoniste Jenny Scheinman, et de Greg Leisz, qui alterne entre guitare accoustique "normale" et dobro (appelée aussi guitare hawaïenne). Le son d'un tel trio sonne irrémédiablement Bluegrass Folk Country, et la première heure ressemble à une paisible randonnée dans les collines vallonnées d'une Amérique verdoyante. Très regroupés au centre de la scène, les trois musiciens jouent avec partition, dans une chaleureuse intimité, se confinent dans des tempi moyens et des orchestrations tranquilles. Les thèmes originaux de Lennon disparaissent quelque peu dans ce traitement, même "Please Please Me", post-annoncé par Frisell lors d'une intervention au micro touchante de timidité embarrassée, devient peu reconnaissable !
Au bout d'une heure, ça s'épice un peu. Les premiers vrais soli apparaissent, enchevêtrant le lyrisme de Jenny Scheinman (qui transcrit principalement les lignes vocales) et le bruitisme de Bill Frisell (Greg Leisz restera tout le concert en arrière-plan, d'une discrétion rarement mise en défaut). Et quelques chansons font de la résistance, se laissent moins facilement plier :
- "Come Together" est une des belles réussites du concert (ça tombe bien, c'est une de mes chansons préférées des Beatles !), où l'alternance des climats et le sentiment d'oppression angoissante sont bien rendus
- à l'inverse, "Lucy in the Sky with Diamonds" est franchement raté...
Nombreux sont les spectateurs qui quittent peu à peu la salle, déçus ou déroutés... Mais de nombreux vivas poussent à trois courts rappels, le second terminé par un "Give Peace a Chance" saturé, presque aussi sale (mais moins flamboyant...) qu'un "Star Splangled Banner" Hendricksien, qui aurait pu avantageusement finir le concert. Ils reviendront, alors que beaucoup rassemblent leurs affaires pour partir, jouer un "Revolution", qui flottera dans les oreilles lors du retour at home !
Concert assez atypique, donc, pas vraiment passionnant, ni désagréable, plutôt tranquille et confortable, qui aura mis bien du temps à s'échauffer ! Peut-être n'est-ce que le début d'une tournée, ou une rencontre uniquement pour cette soirée, l'empathie entre les musiciens ne s'installant que lentement !
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