jeudi 6 octobre 2005

Claude Vivier (Cité de la Musique - 5 Octobre 2005)

Préambule historique

Il y a presque 10 ans, le Festival d'Automne programmait un concert Claude Vivier à la Cité de la Musique. La scène s'étalait sur tout un des grands cotés de la salle, le public regroupé en quelques larges rangées, les spectateurs moins noyés dans l'habituelle masse rassurante, affrontant quasi seul à seul la musique. Les pièces, aux effectifs divers, s'enchaînaient presque sans interruption, chaque groupe de musicien prenant place à son tour dans un coin de cette scène étirée. Concert qui me bouleversa, pour tout dire m'ébranla comme rarement, l'impression d'être aspiré par la musique vers un autre moi-même que je n'avais pas forcément envie de connaître, et sensation de lutte pour ne pas glisser le long de cette dangereuse ligne de fuite (oserais-je dire : au sens deleuzien du terme ?).
Musique puissante, donc, et rare, d'un auteur qui avait tout pour devenir une légende (québecquois homosexuel, expulsé de ses études de prêtre, seconde naissance dans la musique, assassiné à Paris à l'age de 35 ans), peu de disques, rapidement épuisés. A part pour l'instant un dique vocal, par l'ensemble "Les Jeunes Solistes", qui est justement la vedette du concert de ce soir.

Chants

En front de scène, trois chanteuses, représentant des veuves. Derrière le public, invisibles, trois autres, leurs ombres. En fond de scène, une septième, ponctuant la pièce de grands coups de percussions, et prenant soudain la parole en vociférant, qui représente le compositeur. La musique me semble proche de celle de Berio : rhythmiques superposées, techniques vocales diversifiées, de la psalmodie figée à la récitation précipitée, du parler bébé au cri. Mais contrairement au concert passé, cela me laisse quasiment de marbre. Les petites percussions que tapotent les trois chanteuses principales, certains éléments du texte, l'utilisation très peu convaincante de la spatialisation, le disparate trop travaillé des effets vocaux, beaucoup de cela me semble artificiel. Le fait est que la voix me parle rarement. Les sept chanteuses sont excellentes, mais l'émotion est absente.

Journal

C'est un peu la même chose, mais en plus grand. Le choeur est au complet, avec quatre solistes devant, et un percussioniste derrière. Celui-ci reste discret, et régulièrement frappe une cloche, qui provoque une inclinaison du buste des choristes et/ou de certains solistes, théâtralisme un peu vain. La pièce est divisée en quatre parties, "Enfance, "Amour", "Mort", "Après la mort", dont les plus intéressantes sont les 2 et 4. Mais de nombreuses longueurs et des répétitions me font perdre le fil, et je m'ennuie un peu, tranquillement, mais quand même.
Ce ne sera donc pas par ce disque que j'attaquerai la discographie de ce compositeur.

Mise à jour : J'ajoute dans le Pot-Pourri un peu de voix, un extrait de la Sinfonia de Berio consacré à Martin Luther King, un passage de Coro où se succèdent maints traitements vocaux, et juste pour le plaisir un morceau purement instrumental de Pierre Boulez, "Dérive 1".

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