jeudi 7 juin 2012

Orchestre de Paris - Ligeti Manoury Mahler (Salle Pleyel - 1 Juin 2012)

György Ligeti - Atmosphères

Il me semble que Ingo Metzmacher privilégie une approche feutrée, on est souvent proche du silence, d'où émergent les surprenantes ambiances successives où les instruments jouent souvent à se déguiser : les cuivres se transforment en machine à vent, les cordes en assemblée de harpes ... Au milieu de la pièce, il y a ce moment si caractéristique de Ligeti mais ici particulièrement démonstratif : l'orchestre s'élève vers l'ultra-aigu, puis cette limite atteinte, la franchit en infra-basse. Plusieurs musiciens retirent alors des protections de leurs oreilles, tant l'aigu était effectivement strident. Malheureusement, la partition teste aussi aux limites les capacités de l'Orchestre de Paris, qui parfois flotte dans un hors-piste peu glorieux, et a du mal avec les longs pianissimos. Et globalement, tout ça reste assez plat.

Philippe Manoury - Echo-Daimonon

C'est le gros morceau du concert : un concerto pour piano, orchestre et électronique en temps réel, en création mondiale. Jean-Frédéric Neuburger s'installe au clavier. Sa partition est virtuose, mais de façon assez conventionnelle ; on y trouve beaucoup de stéréotypes, du genre cavalcades ou martèlements. La pièce est censée raconter une histoire, la lutte entre le pinao réel et quatre pianos fantômes, qui à la fin semblent vaincus, mais ont en fait gagné, comme le prouve le jeu dans les cordes par le pianiste manifestement donc possédé (!) ; mais ça ne marche guère, en fait on s'en fout. Dans ce vaste maelström musical plein de percussions, d'électronique et de pianos multipliés (mais qui reste plus digeste que "On-Iron" que j'avais peu apprécié), mes moments préférés sont purement orchestraux, en particulier une belle polyphonie lente du type orchestre qui s'éveille. A l'inverse, les cadences pianistiques n'offrent guère d'intérêt. manoury neuburger metzmacher

György Ligeti - Lontano

Cette oeuvre peut provoquer des frissons par sa tension, et un sentiment d'angoisse, proche des pages lentes de Bartok. Mais pas ce soir, où cela reste joli, intéressant, alors que ce devrait être tout à fait autre chose. J'ai réécouté des versions CD pour me rassurer : non ce n'a pas vieilli, c'est juste que l'Orchestre de Paris dirigé par Metzmacher n'est pas à la hauteur de l'oeuvre...

Gustav Mahler - Adagio de la Symphonie n°10

Comme le dit guillaume, le plus beau moment de ce concert est sans nul doute la transition sans applaudissements de Lontano à l'Adagio. Un pont temporel qui éblouit par son évidence. Finalement, il devait y avoir une tension de créée, à la fin de Lontano, pour qu'on ressente tant de plaisir à sa résolution au début de l'Adagio. Ici, l'orchestre se trouve mieux. Metzmacher l'exhorte des poings et de tout le corps à exprimer davantage de passion en d'engagement ; en tous cas, c'est comme ça que je traduis sa chorégraphie. Et ça marche plutôt bien.

Ailleurs : Palpatine, Joël, guillaume, Herlin

1 commentaire:

guillaume a dit…

Merci pour le lien !
A vrai dire j'ai été plutôt déçu par le Mahler que j'ai trouvé trop placide (peut-être par contraste avec l'énergie déployée par Metzmacher dans sa direction). Dans cette pièce on rêve d'un climax d'apocalypse : que les cieux s'ouvrent !