Peeping Tom - A Louer (Théâtre de la Ville - 29 Mai 2012)
C'est la première fois que je voie cette compagnie, qui d'après des voisines discutant, passait jusqu'ici aux Abbesses. Mais ce spectacle n'aurait pas pu y trouver sa place : le décor, qui en est une part importante, nécessite une grande scène, et un haut plafond. C'est une sorte de hall d'hôtel, avec des fauteuils, des lampadaires, et surtout de grands rideaux rouges, qui cachent des portes, des escaliers, et des mezzanines.
Un majordome asiatique s'y affaire, puis soudain se tord la cheville, vacille, se tord encore plus, et finit par se contorsionner en tous sens, avant de se redresser d'un bond, puis de retomber dans cette danse spectaculairement désarticulée, qui sera l'une des marques de la chorégraphie. Il est bientôt rejoint par la gérante du lieu. Entre eux, il y a plus que des relations de travail, mais quoi exactement n'est pas dit. C'est un des fils directeurs de l'intrigue. Par moment, le majordome se dédouble, ce qui donne des poursuites fantasmatiques où il disparaît par une porte et surgit aussitôt par une autre. Elle semble lasse de son rôle, il est obligé de la pousser : "it's time to start, madam ; it's time to stop, madam ; it's time to continue, madam".
Un autre fil directeur est formé par quelques autres clients, une cantatrice, son mari imprésario, et leur fils qu'elle ne reconnaît pas. Lui ne se dédouble pas vraiment, mais devient soudain vieillard. Entre eux, c'est douloureux, elle a tout donné à son art et se retrouve vide quand la gloire commence à passer, elle voudrait arrêter mais son imprésario la jette à nouveau sur une scène de plus, le fils délaissé finit peut-être par la plaindre, je ne sais plus.
Un autre élément, ce sont des acheteurs qui passent, qui visitent, qui se cachent derrière les meubles, ils ont un coté vaguement rongeurs. C'est peut-être cet aspect d'hôtel à vendre qui donne le nom à la pièce.
Il y a donc de la danse, du chant, du théâtre. Il y a aussi une très forte présence de cinéma, en particulier David Lynch, dans les grands rideaux rouges, et dans la gestion du temps, qu'ils arrivent à figer, à accélérer et ralentir, et même, aidés en cela par des effets sonores très réussis et une maîtrise du corps assez circassienne, à faire repartir en arrière.
La bande son est aussi très originale, des mélanges d'électroniques, de musiques classiques pour cordes, et quelques chansons, pour la cantatrice ou pour son fils au piano.
Un spectacle surprenant, fort, qui laisse des souvenirs.
Ailleurs : Danses avec la plume, Théâtrothèque, Maison Bastille.
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