Crispell - Tinissima (Salle Jean Vilar - 25 Janvier 2011)
Première visite de cette salle d'Arcueil, qui est en fait une salle de cinéma reconvertie.
Marilyn Crispell - Solo
Courbée au-dessus du clavier, visage caché par les cheveux, elle ne communique guère avec le public, se concentrant sur sa musique. En séquences d'une dizaine de minutes séparées par de courts silences, celle-ci propose un mélange de trois matières : de l'abstraction pointilliste, recherche de rythmes, jeu avec le silence ; des cavalcades où les deux mains se pourchassent d'un bout à l'autre du clavier, parfois en phases, parfois en opposition, mais plus en joyeuse jubilation qu'en frénésie furieuse ; des mélodies presque romantiques, à l'accompagnement bien classique.C'est cette dernière part qui me plait le moins, tant ces mélodies, qui concluent presque chaque séquence, ne parviennent pas à m'émouvoir. Par contre, l'intensité du matériau énergique est une excellente surprise, je pensais que Marilyn Crispell avait plus ou moins abandonné ce terrain-là en passant de la période "Braxton" à la période "ECM".
Mais la répétitivité des séquences, qui proposent donc toutes les mêmes ingrédients dans des proportions variables, finit par lasser, et me déçoit un peu. Heureusement, le dernier bis, une mélodie cette fois bien plus émouvante (peut-être écrite elle et non improvisée ?), conclut sur une note parfaite.
Tinissima Quartet - Tina Modotti Suite
J'avais vu ce quartet présenter il y a deux mois leur deuxième album sur Malcolm X. Ce soir, ils reviennent sur le premier, qui les avait baptisé, consacré à Tina Modotti, dont des photographies, superbes, sont projetées au-dessus du groupe.Le groupe me fait bien meilleure impression ce soir. Danilo Gallo, qui n'est plus malade, alterne entre le son trafiqué et facilement agressif de la guitare basse électrique, et celui plus dynamique et chaud de la contrebasse. Zeno De Rossi n'a plus à jouer disco, époque évoquée oblige, et propose une couche rythmique qui me convient mieux.
Giovanni Falzone reste sobre en effets vocaux, se cantonnant presque à sa trompette. Et Francesco Bearzatti alterne toujours entre clarinette et saxophone alto. Mais entre eux deux, l'entente et les échanges sont plus féconds, peut-être parce qu'ils connaissent mieux ces chansons avec lesquelles ils tournent depuis bien plus de temps. Leurs duels en courtes phrases échangées sont vifs et aventureux, et on sent qu'un grand plaisir les anime tous.
Du coup, le gimmick "Masada italien" fonctionne mieux, surtout quand Bearzatti stridule dans le bec détaché de sa clarinette en aigus modulés !
Ils aiment soigner leurs fins de concert. Cette fois, c'est le poème funèbre de Pablo Neruda qui défile, sur une musique plus lourde, bel hommage.
Ailleurs: Citizen Jazz, JazzMagazine
Spotify: Tinissima n'y est pas, mais Crispell si, dont voici deux disques en solo, For Coltrane qui date de 1993, et Vignettes de 2008.
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