lundi 8 novembre 2010

Intersessions 6 (Le Triton - 5 Novembre 2010)

Le principe des "Intersessions", c'est de mélanger des musiciens de l'Ensemble InterContemporain avec des musiciens de Jazz, pour des improvisations. C'est la première fois que j'y assiste (ma découverte de cette salle étant récente).
Ce soir, nous avons coté Jazz la contrebassiste Joëlle Léandre et la pianiste Sophia Domancich, et coté EIC la flûtiste Emmanuelle Ophèle et le violoncelliste Eric-Maria Couturier. Un quartet peu fréquent, donc, "sans tambour ni trompette", et avec un doublement des cordes basses. Au gré des morceaux, ils se recombineront en trios et duos.

Ce qui me frappe surtout, c'est la différence dans l'approche de leurs instruments. Joëlle Léandre empoigne sa contrebasse dans un affrontement physique impressionnant, en extirpant toutes sortes de sons, claquements, vrombissements, grognements. Sophia Domancich attaque elle aussi son piano avec une pointe de véhémence, galopades et clusters, mais dans un discours très articulé, notes précisément énoncées. Les rôles sont distribués : Léandre en fondation, Domancich dans le décalage presque indépendant.
Entre elles deux, les membres de l'EIC, pour qui l'instrument semble, non pas un partenaire à affronter pour en tirer des étincelles, mais un prolongement de soi à travers lequel passe la musique. Eric-Maria Couturier n'est pas novice en Jazz, ayant déjà joué avec David Linx. Il se prête donc facilement aux approches bruitistes, ou bricole un contrepoint, ou s'épanche dans une belle mélodie. Emmanuelle Ophèle a plus de mal. J'ai l'impression qu'elle se refuse au spectaculaire, mais du coup reste un peu en arrière-plan ; bien sur, elle possède toutes les techniques, elle ose le cri, et les souffles, mais c'est plus en accompagnement qu'en force de proposition.

Entre les musiciens, le courant semble bien passer, et c'est essentiel. Il y a de la gaieté, de l'humour, de la complicité qui se crée. Léandre demande à Ophèle de se déplacer pour qu'elle puisse voir ses yeux, Domancich prolonge plus que nécessaire une coda à une superbe improvisation, expliquant en riant "Vous croyez que c'est terminé, mais pas du tout ! This is my concerto !", les musiciens se trompent dans les entrées/sorties ... Si bien que malgré la timidité d'Ophèle, et grâce à l'énergie de Léandre, la maitrise de Domancich, l'émotion de Couturier, c'est un très agréable moment musical qui se partage sur scène.

intersessions 6

Spotify: Flowers Trio (Ramon Lopez, Sophia Domancich, Joëlle Leandre) – Flowers Of Peace

Aucun commentaire: