jeudi 3 avril 2008

Pierre-Laurent Aimard - Domaine Privé (Cité de la Musique - 2 Avril 2008)

Charles Ives - The Unanswered Question

Dans un coin de la scène très encombrée s'installe un (le ?) quatuor à cordes de l'EIC, dirigé par Susanna Mälkki. Douceur nostalgique parfaite d'émotion blanche. La trompette interrogative est dans la galerie du fond, les quatre vents répondeurs au balcon latéral, quelques rangs au-dessus de moi; ce qui me donne une audition particulièrement spatialisée. Très belle interprétation. Je me demande si la trompette cherche vraiment une réponse à sa question répétée ? Peut-être est-ce pourquoi s'énervent les vents, de la surdité méprisante de cette âme qui, esseulée sous la nuit et enivrée d'absolu, lance ces appels en direction des étoiles, sans aucunement désirer de réponse.

Gÿorgy Kurtag - Scènes d'un roman

Ce n'est pas cette pièce qui me fera aimer Kurtag. Au long de 15 courts épisodes, la soprano Maria Husmann est accompagnée (ou pas) par un cymbalum, une contrebasse, et un violon, dans des climats assez divers (parfois plutôt statiques, parfois très mouvants). Je n'accroche pas.

George Benjamin - Three Inventions for Chamber Orchestra

J'ai aimé, mais il ne me reste guère de souvenirs le lendemain ! Un orchestre plutôt pointilliste pour la première invention, des rythmiques assez complexes dans la deuxième, enfin une longue montée dans les registres pour la troisième, depuis un solo magnifique de contrebasson vers ... je ne sais plus, violon, flûte ?

Dai Fujikura - ... as I am ...

Voici un nom à retenir, un jeune compositeur japonais doué. Une oeuvre intense, avec des configurations orchestrales qui, sans être absolument originales, sont suffisamment peu usées pour surprendre. L'extraordinaire mezzo-soprano Loré Lixenberg (impressionnante de puissance et d'étendue de tessiture ; la pièce réclame de multiples techniques de chant qu'elle enchaine sans jamais trésaillir) se déplace (dans une étrange tenue semi-gothique) d'un pupitre à un autre pour marquer les différents volets de la pièce. Ca manque peut-être encore de profondeur ou de cohérence, ça se cherche encore, mais pour ce compositeur né en 1977, il y a du beau potentiel.

Olivier Messiaen - Sept Haïkaï

En conclusion de ce concert bien costaud (et dépassant de plus d'une demi-heure l'horaire prévu, ils n'ont toujours pas su prendre en compte les fort longs changements de plateau), Pierre-Laurent Aimard revient à un de ses anciens compositeurs préférés, Messiaen (sa notice aujourd'hui, après avoir cité Ligeti, enchaine rapidement Beethoven, Mozart, Ravel, Debussy ... voudrait-il briser le carcan "pianiste de musique contemporaine" ?). Ces sept pièces proposent trois typologies : des scènes où vents, cordes, et percussions superposent des tempi très différenciés ; des pièces où le piano offre des solos qu'Aimard empoigne avec plus d'énergie fougueuse que de poésie coloriste ; enfin, la pièce centrale, une imitation peu convaincante de gagaku, où les violons sonnent volontairement sans doute mais quand même, très laids.

Ailleurs: Zvezdo, ClassiqueInfo

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