Richard Strauss - Salomé (Salle Pleyel - 29 Mai 2007)
La scène confirme que je n'apprécie guère la musique de Strauss. Comme un goût de sucre et de reste de chantilly, sur un coeur un peu moisissant, où la matière tonale, à force d'être malléable et ductile, en devient déliquescente, sans structures. Des mélodies, des thèmes, des instrumentations qui reviennent, mais le tout flotte, comme au hasard, sans qu'à aucun moment je ne perçoive une vraie nécessité, une quelconque urgence à produire cette musique-là, de cette façon-là. Il y a bien sur de superbes moments (le deuxième interlude je crois, le sprechgesang d'Hérode, les soli de clarinette, le début de la danse des sept voiles, des traits malheureusement trop courts à l'acidité bartokienne ...), mais l'impression d'ensemble est celle d'une nourriture trop riche, sauce trop épaisse, un exercice d'écriture, où l'âme de l'artiste s'implique peu.
Question voix, la vedette de la soirée est Chris Merritt, en Hérode, impeccable de tenue vocale, dans le lyrisme comme dans la sécheresse, et dans le jeu, surtout à la fin, dans l'épisode du plateau d'argent, vicelard légèrement allumé, puis tentant tout pour détourner le voeu de Salomé, enfin abandonnant dégouté. Anja Silja par contre me déçoit, on ne l'entend vraiment que quand elle crie. En Jochanaan, Alan Titus me plaît plus quand il est en coulisse, avec cette voix gonflé de résonnances qui me rappelle quelque ver fafnerién enfoui dans sa grotte et balançant des malédictions, que quand il est sur scène, où sa présence monolithique, et voix idem, me fatiguent vite. Enfin, Janice Baird en Salomé me donne envie de l'entendre dans un rôle que j'apprécierais plus (Brünnhilde ?).
Autres avis : Palpatine, Corley.
3 commentaires:
je crois qu'on peut aimer Strauss (à moins que ce ne soit Hofmannsthal ?) et ne pas supporter Salomé... (à tout le moins, c'est mon cas)
Et oui aimer Strauss nécessite une oreille cultivée. Cela m'a pris du temps, mais l'opéra d'Arianne à Naxos , après le prélude , devrait vous plaire. La scène finale de Capriccio aussi. Les quatre dernier lieder sont une merveille . C'est riche soit mais fin.
Salomé, Elektra , la femme sans ombre ce sera pour plus tard...
Ne renoncez pas à R.Strauss c'est vraiment un grand compositeur je vous l'assure. Et il aimait la voix de soprano , il a écrit des phrases de beauté pure pour cette voix , celle de sa femme...
Merci pour ces indications !
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