Cet orchestre sous-titré "Damals und Heute" ne joue que sur instruments de l'époque de composition des oeuvres - du coup, nous attendîmes tous sagement un bon quart d'heure aux portes de l'amphithéâtre que l'accordeur ait officié. J'eus la chance de poireauter à proximité d'un écran de télévision diffusant en boucle un montage de Christian Marclay où divers personnages de films célèbres téléphonent (entendre la sonnerie ; décrocher ; se présenter ; répondre ; écouter ; écouter longuement en silence ; se réjouir, se raidir de peur, se mettre en colère ; raccrocher) ; amusant, et captivant.
Franz Liszt - Zwölf alte deutsche geistliche Weisen
Nous n'entendrons que trois de ces anciennes mélodies spirituelles allemandes pour orgue et voix ; d'une simplicité ascétique, elles me posent un "à quoi bon ?", surtout dans des exercices du style "O Haupt voll Blut und Wunden", qui ressemble tant à un choral de Bach, que s'il ne s'agit pas d'une transposition, ou d'un hommage qui serait d'ailleurs assez tristement servile, ne peut guère éviter le qualificatif de copie, ou de plagiat, s'il émanait d'un compositeur de plus faible acabit.
Johann Sebastian Bach - Cantate "Tritt auf die Glaubensbahn" (BWV 152)
Pas de choeur ce soir non plus sur la scène, mais cette fois, c'est que les oeuvres choisies n'en utilisent pas ! Cette cantate est pour soprano et basse. Nicki Kennedy est presque trop puissante pour la taille de la salle, avec des aigus clairs et vibrants, mais une interprétation un peu mono-teinte. Sur Christian Hilz, rien de particulier à dire. Deux vois seulement, et peu d'instruments (flûte, hautbois, viole d'amour, viole de gambe, continuo), mais une jolie symphonie mélancolique en entrée, et un duo final charmant.
Franz Liszt - Praeludium und Füge über den Namen B-A-C-H
Je ne connais quasiment rien de l'oeuvre de Liszt. Le livret me dit qu'il s'agit de sa premièe oeuvre pour orgue. Quelle maîtrise, déjà ! Le changement assez fréquent des jeux renouvelle les tensions, dans une écriture très dense, où la cellule "Sib-La-Do-Si" ne me fait guère penser à Bach. Musique ambitieuse, et qui s'assume telle, et qui assure. L'orgue de l'amphithéâtre, qu'on a rarement l'occasion d'entendre, a une belle sonorité - même si les résonnances d'une église manquent.
Johann Sebastian Bach - Cantate "Mein Herz schwimmt in Blut" (BWV 199)
Une cantate pour soliste, où à travers quatre séquences récitatif-air, la soprano passe du désespoir "mon coeur nage dans le sang" à la joie "comme mon coeur est joyeux puisque Dieu s'est réconcilié avec lui". Chaque air profite d'une instrumentation différente, autour d'un quatuor à cordes. Mais la gradation d'émotions passe mal dans la voix de Kennedy, d'une couleur trop uniforme, qui convient mieux à l'exaltation finale qu'à l'abattement initial.
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