mardi 4 juillet 2006

Wayne Shorter Quartet (Théâtre du Châtelet - 4 Juillet 2006)

Afin de tenir le rythme de la semaine "Bleu sur scène", mieux vaut tenter de rédiger les compte-rendus le soir même.
Depuis des années, Wayne Shorter est accompagné des mêmes musiciens : Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse, Brian Blade à la batterie. Je les avais déjà vus à la Cité de la Musique en Janvier 2004, et la façon de fonctionner de ce quartet n'a pas changé, si ce n'est dans une certaine radicalisation. Ils ne jouent pas des morceaux les uns après les autres, mais une longue suite ininterrompue de moments musicaux, s'offrant parfois des silences en plein dans une pièce, puis enchaînant sans aucune interruption les thèmes, les mélodies, les rythmes. Les solos sont fondus, avec des limites mal définies, rarement spectaculaires. Du coup, presque impossible pour le public d'applaudir ! Ce système de jeu, qui avait duré une bonne demi-heure en 2004, est maintenu pendant près d'une heure cette fois ! Seuls les bis seront plus classiquement structurés.
L'épine dorsale de ce groupe, c'est le contrebassiste John Patitucci, solide, souple, énergique, inventif, généreux, dense, passionnant tout au long du concert (et cherchez si vous voulez dans les archives, ce doit être la première fois que je suis aussi enthousiaste pour un contrebassiste de jazz). A ses cotés, Brian Blade fait ce qu'il veut, parfois presque rien, en coloriste subtil, puis équilibriste en faux rythmes décalés, ou incisif en petites explosions controlées, enfin parfois tourbillonant au-dessus des tomes de ses longs bras courbés. Au piano, Danilo Perez joue désormais plus classique que latin, dans une belle connivence d'esprit avec le leader. Wayne Shorter, donc, au saxophone, joue relativement peu. Des bribes de mélodies, quelques indications, des accents, il accapare rarement la parole, préfère jouer en touches détachées ; mais parfois il flamboie, au soprano surtout, même si l'énergie et le souffle ne durent jamais très longtemps.
Cela donne au final une musique où on flotte tranquillement, dans une ambiance mouvante, un flux d'émotions subtiles, entre orage et arc-en-ciel.

Mise à jour : J'ajoute dans le Pot-Pourri l'introduction de leur concert de la Cité en 2004. Où on se rend compte qu'en fait, Wayne Shorter était alors beaucoup plus présent que ce soir.

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