jeudi 16 juin 2005

Michael Jarrell, Steve Reich (Cité de la Musique - 14 Juin 2005)

Michael Jarrell - Assonance V

"Assonance V" n'était, lors de l'enregistrement du CD "Compositeurs d'aujourd'hui", que le sous-titre de l'oeuvre intitulée alors "...chaque jour n'est qu'une trève entre deux nuits... ...chaque nuit n'est qu'une trève entre deux jours...", dont la longueur a peut-être fini par lasser. Ce qui n'empèche pas le livret d'expliquer les raisons de ce titre, qui n'apparaît pourtant plus nulle part !
Bref. C'est une sorte de concerto pour violoncelle, où l'orchestre serait groupé en quatre blocs éloignés du soliste, qui l'éclairent de leur diverses couleurs sonores. Vue la massive silhouette de Pierre Strauch penché rageusement sur son instrument, je me serais attendu à une partie soliste plus véhémente, plus puissante ; au contraire, il reste presque en retrait, se laisse facilement déborder par les groupes instrumentaux, dont la disposition spatiale permet un son très ouvert, qui respire largement, baignant le violoncelle dans des ambiances joliment irisées. Deux cadences permettent quand même d'apprécier sa technique.

Michael Jarrell - Mémoires

Sur un sujet bien grave (un souvenir de déporté, qui a envoyé sans savoir son petit frère dans la chambre à gaz), une musique adéquate, en gros blocs orchestraux et choraux, où l'ensemble Accentus égraine le souvenir, coupé par des extraits de l'Ecclésiaste ("un temps pour aimer, un temps pour haïr", etc).
Ces deux oeuvres offrent des aspects très différents de l'oeuvre de ce compositeur Suisse, souvent agréable, intéressant, mais rarement vraiment prenant, ou bouleversant. Il y a des passages biens, mais je ne suis pas emporté.

Steve Reich - Desert Music

Voilà de la musique qui se déguste mieux chez soi, en lisant un livre ou en faisant du repassage, qu'en concert, où l'attention soutenue rend les multiples niveaux de répétition assez assommants. Plus encore que les phrases musicales répétées, reprises en écho ou en canon, qui installent un rythme souvent bondissant et complexe à sa manière, c'est la répétition dans la structure, un ABCBA aux reprises littérales, même texte, mêmes harmonies, mêmes rythmes, qui m'ennuie.
Ecrite au début des années 80, l'oeuvre commence à sonner kitsch, et je crois qu'elle vieillira assez mal. Une forme de stérilité : elle ne porte pas de futur en elle ; pleine d'échos pop des années 70, elle a inspiré un hommage technoïde dans les années 90 ("Reich Remixed", dont je vais mettre un extrait dans la Radio Blog), et puis c'est à peu près tout.

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