Ornette Coleman Quartet (Théâtre du Châtelet - 26 Juin 2004)
Ornette Coleman traverse la scène d'une démarche hésitante de big cat vieillissant, élégamment chapeauté et cravaté, et après quelques mots glissés dans des micros que l'écho rend incompéhensibles, embouche son saxophone et attaque, furieusement épaulé par son fils Denardo à la batterie, et par deux bassistes, Greg Cohen qui assure la partie classique de basse Jazz, presque tout le temps en pizzicato solide, et Tony Falanga, à l'archet, qui crée des contre-lignes mélodiques, ou des introductions au lyrisme assumé, avant qu'Ornette n'impose ses miaulements plaintifs, ses lignes écorchées, son univers musical si personnel qu'il n'a pratiquement pas eu besoin de changer en 50 ans.
Malgré quelques numéros plus abruptement rageurs, où Denardo Coleman affiche une puissance de feu de boxeur Free impressionnante, le ton général est plutôt mélancolique, dans un tempo moyen, et c'est bien Ornette Coleman qui assure l'essentiel du travail. Ses solos sont tous gorgés d'idées, d'émotions, d'intensités. Même si, à force, les morceaux tendent à se ressembler un peu les uns les autres, c'est par l'excellence qu'ils partagent. "Beauty is a rare thing" ? Ce soir, pas tant que ça...
Quelques moments choisis : un duo des bassistes jouant tous deux sul ponticello, et Ornette surfant sur ce son presque fantomatique avec des mélodies particulièrement magnifiques ; un passage où Ornette joue du violon, très convaincant et original (il joue aussi deux trois fois de la trompette, comme pour continuer vers plus d'aigu certains de ses solos de saxophone) ; et la fin, en deuxième bis, avec un "Lonely Woman" qui crée des frissons partout.
2 commentaires:
ils ne sont pas si nombreux les concerts dont le souvenir émeut encore après plusieurs années... J'y étais aussi, quelle splendeur !
J'étais là aussi! Beaucoup de souvenirs... Si je ne me trompe, ainsi ses mots au début: Tonight we're going to play transpositions, so don't worry if you hear something out of tune. (Ou qc comme ça). Bon voyage, Ornette!
Enregistrer un commentaire