Bill Holman Big Band (Cité de la Musique - 20 Juin 2004)
Bill Holman, grand ours octogénaire, dirige des Big Bands depuis plus de 50 ans. Autant ajouter quelques difficultés pour redonner du goût à l'exercice : par exemple orchestrer du Thelonious Monk, et travailler avec un orchestre de débutants.
Monk en Big Band, le mariage n'a rien d'évident : les rythmes instables, acrobatiques, les mélodies nerveuses, les couleurs acides, se prètent mal au passage orchestral, qui se nourrit essentiellement de swing débonnaire ponctué d'interventions solistes brillantes. Bill Holman s'en tire avec les honneurs, s'accrochant d'abord aux mélodies, tout en évitant (parfois de justesse) de les transformer en simples rengaines (pour "Straight, No Chaser", par exemple, il se focalise sur la contre-mélodie, rendant le morceau presque inidentifiable). Il ménage aussi quelques mélanges de couleurs intéressants (éclat violemment métallique du début de "Brilliant Corners"), et des zones presque expérimentales, où les lignes mélodiques se multiplient en une densité évoquant rapidement le Free.
Les solis sont nombreux, qui permettent à l'improvisation de reprendre ses droits. Dans ce "Big Band du Conservatoire de Paris", tous les instrumentistes ne sont pas à la hauteur de l'événement. Le pianiste Paul Lay fournit deux solis, dont un excellentissime hommage à Monk. Et rattrappe et relance très joliment un de ses camarades en panne d'idée. Les saxophonistes sont plutôt corrects, avec de bonnes interventions, chacun dans son style, volontaire et incisif, explosif et flamboyant, ou lyrique et émouvant. Les trompettes sont nettement moins convaincantes. Batteur et bassiste font leur boulot, ni plus ni moins.
Au bilan, un concert d'après-midi qui ressemble à une épreuve scolaire, réussie avec mention, mais sans qu'on approche jamais des hautes zones de la musique...
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