Johann Sebastian Bach - Matthäus Passion (Salle Pleyel - 8 Avril 2012)
Pour ma première Passion selon Saint Matthieu, je bénéficie d'un bel équipage dont la Saint Jean d'il y a deux ans avait laissé chez certains de brillants souvenirs. Marc Minkowski continue de ne pas vouloir de choeur, remplacé par 12 solistes. Mais si la Johannes était intime, cette Matthaüs est beaucoup plus expressionniste, dramatique, et même massive. Quel barouf, comparé à la transparence de la veille ! Cela devient à la longue excessif, surtout de la part de l'évangéliste Markus Brutscher, qui s'enfonce dans un registre furibard en perdant peu à peu les nuances. Et lorsque le texte s'éloigne de l'essentiel, ce ton me donne des visions étranges : les saints qui sortent de leurs tombeaux devient une invasion de zombies divins, et la problématique des 30 deniers qui servent finalement à acheter "le champ du sang", une malédiction de cimetière indien...
Avoir côtoyé les cantates me permet de mieux goûter la structure en arias, récitatifs et chorales. Certains m'enchantent, comme "Ich will dir mein Herz schenken", "Ich will bei meinem Jesu wachen", ou le duo (j'adore les duos dans les chants religieux de Bach) "So ist mein Jesus nun gefangen". Mais pour que l'émotion me saisisse, il lui faut un élément de surprise. Ce sera le soudain envol de "Aus Liebe will mein Heiland sterben", instrumentation minimale, sans aucune basse, deux flûtes, et la soprano Marita Solberg, qui me jette au bord du sanglot.
Curieusement, je n'ai guère été sensible aux effets de la stéréo (les Musiciens du Louvre Grenoble sont séparés en deux petits orchestres qui se répondent). J'avais sans doute trop à découvrir. En tous cas, ce fut un week-end remarquable, par les choix si différents d'interprétation d'une Passion à l'autre.
Ailleurs: Joël, guillaume, Palpatine.
2 commentaires:
Ah oui, j'aurai bien vu c'est deux Passions... que je n'ai peut être jamais vu en Live... grave lacune ! tiens !
L'an prochain, la Cité et Pleyel ne proposent pas de Passion, mais organisent un marathon Bach pour Pâques, avec la Messe en Si en apothéose.
Peut-être le Théâtre des Champs-Elysées en proposera-t-il une ? Il y en a rituellement chaque année. Mais pas toujours d'aussi intéressantes !
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