Johann Sebastian Bach - Johannes Passion (Cité de la Musique - 7 Avril 2012)
Comme c'est la quatrième fois que je vois la Passion selon Saint Jean, je commence à mieux m'y repérer.
Il y a des passages incontournables, à commencer par l'introduction "Herr, unser Herrscher", et son architecture en trois couches, comme l'indique le livret, battement du coeur en bas, le temps qui s'écoule au milieu, les notes qui dessinent des croix en haut, et le résultat qui dépasse infiniment en émotion et en efficacité dramatique et musicale cette analyse quelque peu simpliste. L'ensemble orchestral du Concert Lorrain me sied parfaitement, même si j'eus apprécié un peu plus de puissance dans les contrebasses. Le choeur du Nederlands Kamerkoor offre une belle unité. Christoph Prégardien, qui dirige, laisse la musique plusieurs fois mourir et ressusciter, en allongeant les pauses et les silences.
L'autre passage primordial est le "Es ist vollbrach" et toute la progression qui s'ensuit, jusqu'aux choeurs finaux. L'émotion est bien là, mais retenue, gardée à hauteur d'humanité : Prégardien continue de privilégier une certaine lenteur, une insistance sur les silences, et de manière générale une belle transparence orchestrale, sans jamais forcer les effets, et en gardant le tout dans un faible volume sonore.
Entre temps, quelques moments choisis. Le Jésus de Yorck Felix Speer surprend, par son timbre presque rocailleux, et son phrasés presque violent, quand il s'interpose entre les soldats et les disciples dans le Jardin des Oliviers. Il garde cette véhémence jusqu'à la croix, où soudain il mue, pour un final en agonie plus conforme. Etonnant parti-pris, soit du chanteur, soit du chef !
J'avais oublié le traitement de la foule, quand elle hurle "Barabas", en voltige contrapuntique éblouissante, comme si Bach ne pouvait donner une vision du chaos qui ne soit aussi ordonnée qu'une fugue...
Et puis, cette pause inattendue, après "Von den Stricken meiner Sünden", et un récitatif d'à peine 20 secondes, lorsque surgit cet allègre et si charmant "Ich folge dir gleichfalls", qu'il me semble reconnaître comme s'il s'agissait d'un air de cantate souvent écoutée, alors que non.
Ailleurs: guillaume
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