vendredi 9 mars 2012

Webern, Wagner, Strauss (Salle Pleyel - 6 Mars 2012)

Anton Webern- Six Pièces Op. 6

Pour commencer ce programme qui ira de la mort à la mort, en passant par un peu de passion et de transfiguration, voici l'oeuvre de Webern que j'entends sans doute le plus régulièrement en concert (tous les 2 ans).
Comme souvent, la première pièce est finie avant que j'ai pu réellement commencer à l'écouter. Dès le deuxième épisode interviennent des frottements étranges, des stridences soudaines. Même en-dehors de la marche funèbre particulièrement livide et hallucinée, toutes les mélodies et les climats semblent dévastés, partant en lambeaux, vécus dans le déchirement lui-même (passages d'une grande violence sonore) ou dans l'après immédiat, spectacle de désolation. La lumière finale qui baigne certains passages des derniers mouvements permet un espoir de reconstruction.
Comme tout au long du concert, Marek Janowski réussit à garder quelques secondes de silence avant les applaudissements.

Richard Wagner - Wesendock-Lieder

Dans ce cycle, j'ai du mal à ne pas concentrer toute mon attention sur "Im Treibhaus", qui annonce "Tristan und Isolde". Nina Stemme s'engage dans cette luxuriante musique avec une grande passion et beaucoup d'intensité et d'aplomb.

Richard Strauss - Mort et Transfiguration

Après l'entracte, mes camarades me convainquent (remarquable exploit !) de déménager depuis le haut du premier balcon vers le haut du deuxième balcon. L'acoustique y est sans conteste bien meilleure, voire même exceptionnelle.
Du coup, le début de ce grand poème symphonique brille de mille détails, dans la suite de petits solos enchaînés par les pupitres du Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin. Je finis par me perdre un peu dans la succession des pleins et des déliés, entre les tutti orchestraux qui par moments saturent la capacité d'absorption de la salle Pleyel, et les moments plus délicats, et ne capte que de loin en loin la ligne narrative. Mais pour une fois, cela ne me semble pas boursouflé et indigeste, je finirai peut-être par vraiment aimer la musique de Strauss !

Richard Wagner - Prélude et Mort d'Isolde

Excellente interprétation de ces superbes pages orchestrales. Depuis le mystère de l'accord flottant initial qui s'avance vague après vague pour finalement nous submerger dans le lit confortable des cordes, aux vastes déploiements où tout l'orchestre entrecroise les thèmes passionnés, c'est un prélude parfaitement maîtrisé et qui emporte.
Nina Stemme est une grande voix wagnérienne, d'une grande présence et puissante sans forcer. Mais ici, j'aurais préféré un peu plus de fragilité, un peu de déraillement peut-être, puisqu'il est question d'une femme qui délire et qui meurt.
La fin "Ertrinken, versinken, unbewusst, Höchte Lust" me fait penser au "Ewig Ewig Ewig" de la fin du Chant de la Terre.

stemme janowski

Ailleurs: Simon Corley, Joël
Le concert peut être écouté pendant quelques semaines sur France Musique.

2 commentaires:

Joël a dit…

Du coup, pour l'année prochaine, j'hésite beaucoup entre l'arrière-scène et le deuxième balcon. Il y a plein de chefs que je regarderais volontiers de près à l'arrière-scène, mais ils ont tendance à diriger des orchestres dont j'aimerais bien aussi écouter le son dans les meilleurs conditions.

bladsurb a dit…

Je ne prends pas assez de places à Pleyel pour me poser la question, je les laisse choisir à ma place ; mais en fait, je n'ai pas encore compris l'attrait de l'arrière-scène, où l'audition est quand même très déformée (surtout s'il faut que les cordes passent à travers un mur de percussions, et vu le style de musique que j'écoute principalement ...).