Bojan Z solo (Cité de la Musique - 25 Mars 2012)
C'est sans doute un rituel, puisqu'au moins trois de ses disques débutent ainsi : Bojan Z commence par tourner autour du piano, et l'ausculte, tapant une traverse ici, un peu les cordes là, tout en percussions et en résonances, avant de peu à peu s'installer au clavier, mais en laissant la main gauche dans les cordes, où elle joue batterie et contrebasse, tandis que la droite claironne le thème telle une section de cuivres. Le répertoire s'articule essentiellement autour du tout nouveau CD Soul Shelter enregistré en Juin (et il trouve ce délai de 9 mois entre l'enregistrement et la publication remarquablement court !). La première demi-heure se passe exclusivement au piano, entre morceaux fougueux tels que "Full Half Moon" et interludes plus tendres et émouvants comme "Dad's Favorit", dont il explique l'origine au micro (un air traditionnel que son père avait totalement transformé à force de le jouer). Quand il ajoute le Fender et le boîtier xénophone, la palette devient très variée, mains conjointes qui se poursuivent au milieu d'un clavier, ou au contraires séparées chacune sur son instrument, sur parfois un fond électronique d'une boucle plus ou moins aléatoire, un jeu solide où on sent les influences classiques, de Peterson à Hancock et Jarrett, sans oublier la musique classique, mais qu'il revitalise avec maestria et jubilation : même si des douleurs émergent ça et là, ou de passagères nostalgies, c'est avant tout du bonheur qui coule de ses doigts, celui de la musique, du jeu, de la générosité. Blues, mélodies balkaniques, rythmes réunionnais, les ingrédients se fondent dans une tambouille personnelle inimitable et bien reconnaissable, que je préfère grandement aux excès du Tetraband.
Comme c'est le dernier concert de cette série de trois, et que c'est l'heure d'été, il nous sert copieusement en bis, pour terminer sur un thème certainement très connu (Ellington maybe ?), donné très simplement, sans fioritures ni acrobaties, classe.
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