EIC - Scène ouverte (Cité de la Musique - 28 Avril 2011)
Compilation d'extraits
Cette première partie de concert avait été annoncée avec fracas comme une "libération de la musique", une résurrection des utopies libertaire des années 60 et 70, et je m'attendais à un truc un peu improvisé, un peu chaotique. Mais on est loin des intersessions, et c'est un spectacle pleinement maitrisé qui est donné, qui enchaine sans interruptions des extraits d'oeuvres variées, parfois par contrastes (le "Ein Hauch von Unzeit" de Klaus Huber, caresse sonore doucement plaintive, après les déflagrations tumultueuses du "Klavierstück X" de Karlheinz Stockhausen), parfois par complément (un extrait de la "Sérénade pour un satellite" de Bruno Maderna venant interrompre le "Viola" du même compositeur), découpant certaines oeuvres en plusieurs extraits séparés qui se font écho. Un écran sur scène projette les jolies figures colorées de "Aria" de John Cage (la chanteuse Valérie Philippin s'y régale visiblement !). Les musiciens surgissent du public en solo ou par petits groupes. Le chef d'orchestre Clement Power s'amuse avec la harpiste dans une sorte de mime. Frédéric Stochl, responsable de la mise en forme, et promoteur de cette soirée, surveille de la table de mixage la spatialisation. Tout ça est plaisant, plutôt spectaculaire, mais la musique n'en sort pas forcément renforcée. Et s'il s'agit de remettre en cause le formalisme du déroulé d'un concert classique, ceux que ce formalisme gène et qui auraient pu apprécier les surprises de ce soir, n'étaient pas dans la salle, remplie d'habitués ...Pierre Boulez - Domaines
Le spectaculaire reste de mise, pour cette seconde partie. Au centre du public, le chef d'orchestre, et un petit dispositif de projection. Le clarinettiste Alain Damiens (prodigieux, mais n'est-ce pas habituel ?) parcourra les allées de la salle au milieu des spectateurs. Les groupes instrumentaux seront eux dans les gradins. L'ordre des séquences sera déterminée en piochant dans un chapeau, la lettre tirée est diffusée sur l'écran. Si l'écriture de la clarinette est fort proche de celle du "dialogue de l'ombre double", celle des groupes qui lui font réponse est plus différenciée, ne serait-ce que par leur composition très diverses (clarinette basse solo ; quatuor de saxophones ; sextuor à cordes, à mon avis le groupe le plus faible ; marimba et contrebasse, au son étonnamment jazzy ! ; hautbois, cor et guitare, le groupe qui m'a le plus plu ; et un disparate flûte, harpe, basson, trompette et saxophone). De fait, la séduction sonore agit à fond, mais on touche aussi les limites du tirage aléatoire : si les séquences peuvent être enchainées dans n'importe quel ordre, il ne peut pas y avoir de forme globale s'installant dans le déroulé temporel. D'ailleurs, les oeuvres proposant aujourd'hui des parcours multiples préfèrent généralement se concentrer sur quelques chemins clairement définis et ayant tous leur raison (comme pour les "six miniatures en trompe l'oeil" de Hurel).Ailleurs: Simon Corley
Spotify: Alain Damiens – Recital de clarinette, Alexis Descharmes – Huber: L'oeuvre Pour Violoncelle, Alexandre Tharaud – Mauricio Kagel
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