Bruno mantovani - Akhmatova (Opéra Bastille - 6 Avril 2011)
Après un premier opéra présenté à la Cité de la Musique, le deuxième a droit au faste institutionnel de Bastille. Mais la réussite n'est que partielle.
Le livret ne m'a guère intéressé. Je ne connaissais absolument pas Anna Akhmatova, et le personnage ici présenté ne va guère au-delà d'une figure très schématique d'une artiste tentant de survivre sous le règne de Staline, et ayant des difficultés relationnelles avec son fils. Ce sont en fait les "adversaires", son fils et surtout le représentant de l'union des écrivains, qui bénéficient du meilleur traitement.
L'opéra est en deux parties, trois actes, onze scènes. Ce sont des moments épars qui s'étalent d'avant la seconde guerre mondiale à après la mort de Staline. La mise en scène privilégie la fluidité d'une scène à l'autre, profitant d'un décor noir et blanc astucieux, marqué par la présence constante des portraits d'Akhmatova par Modigliani.
Ce qui me surprend le plus dans la musique, c'est son classicisme au niveau orchestral. Il n'y a guère plus de cette fusion parfois si extraordinaire entre instruments qui marquait les partitions de Mantovani : ici les cordes jouent les aplats et les glacis, les cuivres pétaradent, les bois virevoltent, les percussions grondent, chacun à sa place et sans guère de surprises. La première partie est en plus marquée par une sorte de statisme, des formules répétitives, un temps englué, qui peut être volontaire pour marquer la marche de l'histoire et des destins personnels qui se fige sous la dictature, mais cela donne une musique sans grand charme. Heureusement les choses s'améliorent dans la seconde partie, et les moments qui captent mon attention se font plus nombreux, aussi bien pour les solistes (violon, accordéon, flûtes) que pour l'ensemble orchestral (massif).
De même, le traitement vocal ne m'enchante guère, avec des lignes qui ne traduisent pas grand-chose de ce que ressentent les protagonistes, une manie d’élision pénible (est-ce une tentative de donner un accent "russe", que de dire "maint'nant", ou autre "notr' maitr'" ?).
De tout cela, je retriendrai finalement deux scènes qui m'ont ravi : celle où le représentant incite une autre artiste à écrire contre Akhmatova (avec deux dialogues traités en parallèle), et celle où des universitaires anglais interrogent Akhmatova et ne comprennent pas ses réponses forcées par la présence de son fils en prison. Deux scènes où joue Christophe Dumaux, hautecontre, excellent, et dont les inflexions mielleuses traduisent la dangerosité sous l'habit officiel.
Ailleurs: Joël Riou, c.roch.notes
Spotify: Mantovani: Concerto pour deux altos, Time Stretch & Finale
1 commentaire:
Je l'ai vu également. J'ai bien aimé la musique ; et la prestation de l'orchestre de l'opéra est exceptionnelle.
La partition des voix est moins réussie ; c'est un peu la limite de cet opéra contemporain. Le troisième acte est le plus beau et le plus prenant. Bref un spectacle qui m'a vivement intéressé et m'a globalement assez captivé.
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