Nina Hagen (Cité de la Musique - 17 Septembre 2010)
Même récemment baptisée et du coup quelque peu prosélyte, Nina Hagen reste une punk. Elle débarque sur scène avec bottes moulantes, jupette à froufrou, et un tee-shirt "Jesus - Highway To Heaven" parodiant AC/DC.
A l'image de son dernier album "Personal Jesus", le concert est principalement constitué de reprises, dont un grand nombre parle plus ou moins directement de religion. Les musiciens qui l'accompagnent passent sans encombre d'un gospel bluesy à une balade rock, d'un paysage technoïde à un punk furieux ; mais cela donne plus l'impression d'excellents musiciens de studio, façon orchestre de la Nouvelle Star, que d'un vrai groupe soudé avec sa propre identité.
Elle au milieu investit la scène avec exubérance et un brin de folie, discutant avec le public en anglais garni de mots français, se plaignant qu'on ne lui donne pas la guitare amenée exprès de Berlin (sketch préparé peut-être ?), parlant du danger des "atomic poubelles", ou expliquant qu'il y a certaines chansons qu'elle ne peut plus chanter à son âge, mais qu'elle peut par contre devenir grand-mère ... Elle n'est pas toujours bien en face du micro et sa voix du coup part un peu au hasard, elle réclame un pied pour accrocher son micro puis le balance par terre, bref, elle se débrouille pour qu'il y ait toujours une part de désordre sur la scène, une part d'anarchie, une part de vie.
Au milieu du spectacle, elle ouvre une longue parenthèse à la mode unplugged, pour un répertoire plus gospel et negro-spiritual. Dans cet environnement plus restreint, on peut mieux admirer sa voix caméléon, qui a sans doute perdu dans les aigus et dans la puissance brute, mais où flotte toujours ces éclats de sorcière, ces ombres mutantes, où s'ajoutent plus que dans le passé des échos de cabaret berlinois quand elle chante en allemand, et où elle s'implique avec une sincérité inébranlable.
Même si cette partie est un peu trop longue, cela l'installe définitivement dans la soirée. Et elle repart dans l'électrique avec encore plus de force et de présence, avec entre autres un magnifique "Killer".
Un premier "bis" avec le groupe, puis un deuxième seule à la guitare, avec entre autres un surprenant "We Shall Overcome", puis un dernier morceau avec le groupe, le concert aura duré près de deux heures, et elle y aura pulsé une énergie vitale pleine d'humour et de joie, où le discours religieux passe parce qu'elle y met le décalage nécessaire.
L'excellent et indispensable Arte Live Web était là et a enregistré le concert.
Ailleurs: MHF
Spotify: Nina Hagen - Personal Jesus, son dernier album en date qui passe bien mieux en concert ; les albums classique Unbehagen et Nina Hagen Band n'y sont pas. J'ajoute du coup Spliff - 85555 + Herzlichen Glückwunsch, qui est son ancien groupe ayant fait leur route de leur coté.
3 commentaires:
J'y étais aussi et je l'ai trouvé très attachante... Toujours aussi surprenante.
J'aurai pas eu idée d'y aller ! sans doute à tort. Sacré personnage et artiste singulière...
Prosélytisme ! Elle a troqué un public "punk" contre un (...) heu.. "traditionaliste" dans le mauvais sens du terme. Elle est finie et usurpe l'image de ACDC avec un logo détourné "jésus". Un procés peut être?...
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