Wayn Traub - Maria-Magdalena (Théâtre des Abbesses - 7 Mai 2009)
Je pensais qu'il s'agissait de danse, mais le livret indique qu'il y a une partie Cinéma, et une partie Théâtre. En effet, sur la scène est monté un plateau tournant, au centre duquel est installé un écran, qui présentera essentiellement 10 petits films, avec des prologues et des interludes. Devant cet écran, Wayn Traub gesticule grimé façon Lorne, présente les films et les commente, s'occupe on ne sait pas trop à quoi pendant la projection (à manipuler et déplacer divers objets genre coupes ou poignards d'un piédestal à un autre), et chante. La musique tient une part importante : techno gothique de Jaan Hellkvist, pas vraiment originale mais plutôt réussie, sur laquelle la voix facilement grandiloquente de Traub passe fort bien.
Il y a des moments excellents :
- les nonnes asiatiques aux visages blanchis et aux habits noirs aux manches ultralongues, qui esquissent au ralenti des gestes de danses traditionnelles
- la chanson où Marie-Madeleine est fusionnée avec Salomé, et est appelée "Mother", pour un mix un brin extravagant mais évocateur d'une sorte de puissance féminine à la séduction un peu effrayante (toujours dans le Buffyverse, c'est cette fois à Drusilla que je songe)
- le film sur la vente d'une abbaye, où la vendeuse vante tour à tour la simplicité et la possibilité d'installer des jacuzzis, le caractère intemporel et éternel de l'endroit et les futurs aménagements tous azimuts, avant de se faire interrompre par des hurlements qu'elle commence par nier entendre (des animaux peut-être ? ou du bois qui craque ?) avant de s'excuser (c'est en cours d'investigation ; c'est indubitablement un mauvais point ; mais il n'est pas nécessaire de paniquer) puis d'expliquer, fascinée, qu'un moine de l'abbaye avait sculptée une statue de Marie-Madeleine, mais si pleine de sensualité qu'il l'avait finalement possédée, ce qu'apprenant ses frères avait brulée la statue, qui avait alors poussé ces hurlements qu'on entend encore. Dans les restes calcinés manquait un pied, qui doit encore être quelque-part ... On le reverra en effet dans un autre des films.
Comme on voit, ce spectacle regorge d'aspects fétichistes : des japonaises, des nonnes, des pieds, des maquillages outranciers, du sang, etc, j'ai du en louper quelques-uns. Cela donne pas mal de matière aux films. Mais au-delà ? Que nous dit Wayn Traub ? Tout en surfant sur des thèmes à la mode comme les méfaits de l'obsession consumériste ou du vide spirituel de nos sociétés individualistes et matérielles, il parle d'une catastrophe à venir, de la peur, d'une prochaine apparition ... Une sorte de cross-over entre Buffy et MilleniuM. Le second degré de ses interventions fait que cela passe relativement bien, et est même fort plaisant par passages. La dernière séquence filmée montre deux conservateurs de musée se disputant au sujet d'une oeuvre, l'un en vantant la spectaculaire intelligence, l'autre en dénonçant la boursoufflure du vide. Ce qui est un bon résumé de ce troisième épisode (je n'ai pas vu les deux premiers) de la trilogie "Wayn Wash".
Quelques départs en cours de route, mais surtout, très peu d'applaudissements. Cela dit, Wayn Traub ne vient même pas saluer. Les lumières se rallument comme dans une salle de cinéma.
Ailleurs : L'Octuple Sentier (qui renvoie sur d'autres critiques presse et blogues)
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