jeudi 21 mai 2009

Concert Français / EIC - Rameau / Grisey (Cité de la Musique - 19 Mai 2009)

Jean-Philippe Rameau - Ouverture de Zaïs

C'est une plage de musique assez extraordinaire, qui commence par de la percussion et le presque silence, d'où s'extirpe, bribe à bribe, hésitante, fragile, menacée, une mélodie, au milieu d'un chaos confus de blocs discontinus.

Jean-Philippe Rameau - Airs et danses d'Hippolyte et Aricie

C'est dommage d'enchainer sur cette suite de pièces, certes fort agréables, bien troussées, vives et joyeuses, mais un peu trop "normales", et surtout trop nombreuses, Pierre Hantaï n'en finissant pas de tourner les pages de son pupitre pour encore un air, puis encore une danse, etc. Le seul moment aussi avant-gardiste que l'ouverture précédente, et qui colle vraiment à la thématique du rapprochement Grisey-Rameau, c'est quand le Concert Français se réaccorde en cours de route ...

Gérard Grisey - Partiels

Cette oeuvre, déjà formidable en disque, gagne encore à être vue en concert, pour apprécier la "fabrication" des sonorités, qui gagnent à la fois en clarté (ah, cette intro grondante et râleuse, c'est de la contrebasse et du tuba ?) et en mystère (mais comment fait Grisey pour mixer ainsi les instruments en quelque-chose d'inouï ?). Susanna Mälkki privilégie, dans sa mise en place sonore, les aspects chambristes, voire solistes. Du coup ressort avec un relief saisissant une partie pour cordes presque seules qui tangue, roule, et peu à peu prend l'eau et chavire ; ou un duo de flûtes qui entraine tout l'ensemble dans leur danse. La fin est très mise en scène, depuis l'apparition des sons parasites (partitions agitées, coffrets de rangements ouverts et fermés, claquements de becs, frottements d'archets ...), jusqu'à Mälkki s'épongeant d'un mouchoir rouge, et la lumière se réduisant à un projecteur braqué sur un percussionniste tendant des cymbales qu'il ne claquera pas.

Gérard Grisey - Modulations

L'effectif, selon le principe du cycle "Les espaces acoustiques", a grimpé, de 18, à 33 musiciens. C'est de la vraie matière orchestrale, et moins marquée en épisodes successifs que "Partiels", plus en transformation continue. Je décide de déguster le morceau en l'abordant comme si c'était un voyage à l'intérieur d'un minuscule morceau de temps, étalé et observé au microscope, révélant des détails fascinants. La présence d'un orgue Hammond permet d'accentuer l'aspect faussement "traitement électronique", en agrégeant un court moment les autres pupitres en une nappe unifiée. Il y a des accélérations et des immobilismes, du respiratoire qui devient de plus en plus aérien, du cardiaque tellurique, et une fin où, aspiré comme dans un tourbillon (un vortex ?), on découvre au coeur de cette goutte de temps un immense paysage spatial.

Ailleurs : Zvezdoliki

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