Benjamin Carter Messiaen (Salle Pleyel - 5 Décembre 2008)
Elliott Carter - Three Occassions
3 pièces de circonstances :- "Celebration of Some 100 x 150 Notes", pour la fondation de l'Etat du Texas, est une courte pièce triomphante et presque vociférante, avec beaucoup de cuivres et des cordes rapides, mais aussi une tension, et plusieurs climats successifs, plus complexes que le "carnaval sonore flamboyant et joyeux" indiqué par la brochure
- "Remembrance", dédiée au mécène Paul Fromm, est une élégie pour trombone, mais où j'apprécie particulièrement les longs accords orchestraux, somptueusement colorés (or, vermeil, nuances de pourpre ...)
- "Anniversary", enfin, est dédié à sa femme, pour leurs 50 ans de mariage ; différentes couches rythmiques - au-dessus d'une atmosphère grave et tendre, intime et profonde, rebondissent en interventions rapides trilles de cordes et de flutes mêlées - petites joies quotidiennes, quelques drames passagers, et le long fleuve tranquille de l'amour conjugal ...
C'est sans doute jusqu'ici ma pièce préférée de Carter !
George Benjamin - Duet
Concerto pour piano, avec un orchestre assez réduit, et en particulier sans violon. Pierre-Laurent Aimard donne un premier solo aux notes toutes accentuées, l'orchestre répond, contrebasse et harpe se la joue rythme jazzy, le piano s'adapte ; il restera cependant un peu maniériste dans ses accentuations quasi-constantes et assez artificielles, comme si appuyer chacune des notes les rendait plus importantes. Derrière, les paysages rythmiques de l'orchestre sont finalement plus intéressants.Olivier Messiaen - Oiseaux exotiques
Bon, du Messiaen, bon, des oiseaux ... La beauté des instants, le haché du discours général d'un oiseau au suivant ... La richesse de l'orchestration, que ça pépie, roucoule, stridule, crie, siffle, vrombit, tintinnabule, etc ... L'aisance surnaturelle d'Aimard, qui navigue dans ces chants comme dans son pays natal, où toutes les difficultés sont niées, avalées, transfigurées, pour que ne reste que l'éclat des lignes superposées, la lumière des accords, la joie et l'équilibre ... L'orchestre Philharmonique de Radio-France, dirigé par Benjamin, n'est pas moins inspiré, il y a une attention palpable. Et peu à peu, tout ça se met en place, la volière se remplit par touches, pour former une grande fresque irradiante de vie, où l'ornithologie disparait un peu devant simplement la musique.George Benjamin - Ringed by the Flat Horizon
"Je voulais faire le portrait d'une tension sinistre au moment où un paysage est envahi par une énorme tempête." dit Benjamin dans le livret. La tension est là, la tempête aussi, pourtant ce qui me frappe le plus, c'est l'aspect restreint du déchainement, une forme de désolation, quelque-chose qui suffoque, où l'air manque. De l'extrait fourni du poème inspirateur, "What the thunder said" extrait de "The Waste Land" de T. S. Eliot, je comprends que l'expression "Over endless plains, stumbling in cracked earth / Ringed by the flat horizon only" désigne un paysage si vaste que seul l'horizon le limite ; alors que j'y entends plus un horizon qui encercle, comme "un ciel bas et lourd [qui] pèse comme un couvercle". Ecrite à 20 ans, cette pièce est d'anthologie, quelque soit l'interprétation qu'on choisisse de lui donner. Elle met aussi l'orchestre à rude épreuve, les trompettes sont à leurs limites ...Ailleurs : Palpatine, ConcertoNet
2 commentaires:
De biens belles envolées sur la volière de Messiaen !
Merci de parler de ce compositeur de génie !
En outre, cela me fait un parfait complément de ce que j'ai pu lire à cette adresse :
http://www.laboiteasorties.com/2008/12/olivier-messiaen-compositeur-et-ornitologue/
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