Lisi Estaras - Patchagonia (Théâtre des Abbesses - 29 Janvier 2008)
Par rapport à sa description originelle, un personnage a disparu, l'hôtel aussi. Le décor, un arbre mort planté sur du sable, fait penser à du Beckett ; la situation des protagonistes, qui semblent forcés à cohabiter, fait penser à Huis-Clos ; de la quête d'un "état de bonheur absolu et éternel", seul le livret parlera. Tout cela fait comme une couche d'intentions, de références, un programme bien lourd, à porter par les danseurs, à digérer par les spectateurs.
Trois danseurs et une danseuse, donc, se livrent en solos et duos, exprimant colère et frustration, rare tendresse et absence au monde, domination et fuite, une gamme d'émotions assez vaste mais où l'amour est fort peu présent. La danse est physique, terrestre, solide. Mais me laisse froid. Les changements d'humeur de ces personnages ne me touchent pas, et me gonflent assez rapidement, parce que j'y sens de la complaisance, une théâtralité factice des sentiments, un effort sans réussite de me faire sentir la part d'humanité commune partagée avec eux.
La musique, jouée sur scène par le violoniste compositeur Tcha Limberger (déjà vu deux fois à coté d'Aka Moon) accompagné d'un guitariste et d'un contrebassiste explore des mélodies aux accents latino-américains, d'une manière agréable mais sans folie.
Lisi Estaras sort des Ballets C de la B. Elle en a malheureusement hérité cette tendance à trop penser, à vouloir dire, sans y arriver ; au moins l'ambition ici était-elle moins envahissante que pour Myth. Mais comme la danse y est aussi moins excellente, l'impression d'ensemble est un ennui légèrement agacé. Cela dit, l'accueil de la salle a été enthousiaste.
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