Florin Niculescu Quintet - Anniversaire Stéphane Grappelli (Salle Pleyel - 5 Janvier 2008)
Le violon dans le Jazz, dans ma discothèque cela ressemble plus à Mark Feldman ou Mat Maneri qu'à Stéphane Grappelli ou Didier Lockwood, mais les premiers ne passent pas souvent à Pleyel... Cette soirée, en hommage à Grappelli, né il y a un siècle le 26 Janvier 1908, et mort il y a un peu plus de 10 ans, est organisée autour de Florin Niculescu, entouré de son quintet, et de quelques invités.
Vu le contexte, échos du couple Grappelli / Reinhardt et Hot Club de France, ambiance manouche et pré-bop, la section rythmique ne s'aventurera que rarement dans des sentiers novateurs. Mais le batteur Bruno Ziarelli profitera de quelques occasions pour montrer une belle polyvalence, et offrira des couleurs délicates et une légèreté de bon aloi. Le bassiste Jean-Philippe Viret, que je connais sur disque par son trio, donnera plusieurs soli très chantants. Au piano, Peter Beets possède la nonchalance swinguante et l'élégance imperturbable d'un héritier de Horace Silver.
Mais l'essentiel est assuré par Florin Niculescu au violon, lyrique, généreux au possible, ample, prolixe. Comme ce n'est pas exactement mon univers musical, une certain sentiment d'uniformité finit par s'installer ; mais quelle santé, quelle fougue, et, de nouveau, quelle générosité, dans cette façon d'offrir sa musique aux spectateurs !
En première partie, viendront compléter ce quartet le guitariste Marc Fosset, sur guitare électrique, compagnon débonnaire, au style un peu mou à mon gout, puis la chanteuse Zarifa, la fille de Florin Niculescu, pour deux standards un peu convenus mais très classe.
La seconde partie est plus variée dans les arrivées et départs, voire agitée. D'abord une formule resserrée, contrebasse, violon, et deux guitares : Marc Fosset, et Martin Taylor, à la guitare sèche, virtuose technique. Mais il s'échauffe à peine que des problèmes techniques le rendent muet. Reste un trio ; Marc Fosset en profite pour balancer ses plus beaux solos, obligation faisant loi. Taylor revient, en empruntant la guitare de Biréli Lagrène, mais le son ne lui convient pas tout à fait.
On repart bientôt pour le quartet de départ, que vient complèter Didier Lockwood. A l'applaudimètre, on devine qu'une partie du public n'est venue que pour lui. A l'aide de pédales d'effet, il transforme le son de son violon en grincements métalliques, en résonances de guitares, en diverses choses plus ou moins intéressantes ; mais par rapport à Niculescu, on sent un art de la construction de solos beaucoup plus dramatiques, qui racontent une histoire, qui dessinent une trajectoire, alors que Niculescu a le souffle plus court et plus répétitif. Lorsqu'ils jouent ensemble, la superposition de leurs jeux est le sommet de ce concert, qui dessinent des lignes splendidement flexibles, se croisant et s'écartant à toute vitesse, tout en se suivant de l'oeil comme des oiseaux surdoués s'amusant dans la tempête.
L'intervention de Lockwood sera courte. Lui succède Biréli Lagrène, guitariste plus expérimental que les deux précédents, qui fracture son discours par des glissements hors-rythme ou hors-tonalité. Même si Niculescu ou Beets ne le suivent pas sur ces terrains-là, cela crée des coloris nouveaux qui font du bien à la soirée.
Pour le final, les deux autres guitaristes reviennent, Lockwood pas, quelques tubes de Grappelli / Reinhardt, et après près de trois heures de musique, on rentre se coucher.
Globalement, ce concert m'a donc plus plu que ce à quoi je m'attendais. En plus, je n'ai jamais été aussi près de la scène, en rang D ! Ce qui est un emplacement idéal pour du Jazz ; malheureusement, pour la Masada Night, je serai au premier balcon ...
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