mercredi 3 octobre 2007

Sidi Larbi Cherkaoui - Myth (Théâtre de la Ville - 2 Octobre 2007)

Le livret se termine par "Sidi Larbi Cherkaoui donne encore une fois à son public ce que trop d'artistes lui refusent : la générosité." Il est vrai qu'on trouve un peu de tout dans ce spectacle de 2 heures sans entractes. Autour de quelques personnages qui font essentiellement du théâtre (un militaire, une demeurée, une intello anglaise, un drag-queen black ... L'Octuple Sentier les liste excellemment), il y a des danseurs acrobates ou contorsionnistes habillés en noir qui gambadent et cabriolent, imitant tour à tour des ombres, des fantômes ou des doubles, accompagnant, imitant, ou houspillant les personnages, parfois menaçant, parfois invisibles, parfois dansant à l'unisson des autres.
Toute cette danse, mêlée de cirque, est spectaculaire et très prenante, sur de la musique médiévale jouée en direct par l'ensemble Micrologus, et même si, au bout d'un temps, il y a comme des redites, je reste, comme Pouessel, essentiellement séduit par la virtuosité de cette troupe.
Malheureusement, derrière cette danse, on sent la volonté de tenir un discours. Et là, dans le mélange hétéroclite des sources et des citations, dans les interrogations des personnages ou les déballages de dialogues pseudo-philosophiques, dans les gags supposés être signifiants, on fouille on fouille et on ne trouve pas grand-chose à comprendre. Et le décor de bibliothèque, avec des cranes, des portes dérobées, des murs à escalader et une grande porte, finit par devenir un peu claustrophobant.
A la fin, la grande porte s'ouvre, et un type vaguement christique entre sur scène armé de grands bâtons qu'il exhibe un moment en forme de croix. Contrairement à Ali, cela ne m'a pas géné outre-mesure, j'ajoute la citation dans le gloubi-boulga mythologique et insipide de la pièce.
Quel bilan alors ? J'aurais envie de dire à Cherkaoui,à l'instar des Talking Heads : "Stop Making Sense !". Sa danse souvent splendide a-t-elle vraiment besoin de se nourrir de ses éléments externes qu'il intègre si mal à ses spectacles ? C'était déjà le cas pour Tempus Fugit.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Séduit par les "ombres", par les personnages se dédoublant ou donnant naissance : des trouvailles visuelles continues. Quant au Christ aux 2 bâtons, j'ai la curieuse impression d'avoir déjà vu exactement cette séquence (très belle plastiquement) ailleurs.
Une certaine lassitude aussi : manque de charpente globale, textes (projetés ou non) sans intérêt.
Hier, j'ai assisté aux répétitions du futur spectacle de Wayne McGregor : un grand moment en perspective si les danseurs de l'Opéra finissent par intégrer la dynamique des mouvements.

bladsurb a dit…

Je ne connais pas Wayne McGregor ; mais en fait, je ne vois de danse qu'exceptionnellement hors du Théâtre de la Ville et des Abbesses.

Anonyme a dit…

un seul mot : magnifique !

Anonyme a dit…

Très beau spectacle...Charmée par ces ensembles dansés d'ombres onduleuses et sombres...

Anonyme a dit…

Très interessant ce blog.J'ai bcp aimé la création de Sidi Larbi Cherkaoui.Je suis assez d'accord avec votre article.En tout cas c'est très bien décrit.

Anonyme a dit…

Très cher quadra, encore un très bon commentaire, je m'apprête à voir le spectacle de Cherkaoui à Annecy en février.