jeudi 6 septembre 2007

Steve Coleman - Aquarius Ingress (Cité de la Musique - 3 Septembre 2007)

Octurn / Magic Malick

Octurn est un groupe belge de Jazz qui se définit comme imprévisible (leur dernier disque passe en streaming sur leur site, écoutez-le pour avoir une bonne idée du concert). Effectif mouvant (ce soir, ils sont 10 sur scène), répertoire varié entre jazz-rock et musique contemporaine, entre autres. Les morceaux se déploient longuement, nimbés d'électronique (Jozef Dumoulin au Fender Rhodes apporte une couleur essentielle à l'ensemble, que complètent les bidouillages de Gilbert Nouno), sur une base rythmique peu jazz (basse électrique assez sommaire de Jean-Luc Lehr, batterie au groove plutot funk-rock de Chander Sardjoe) qui sait se taire souvent, ambiances souvent nocturnes que traversent des épisodes plus agités et de rares solos vraiment identifiables, le plus souvent simples éléments du son collectif (Magic Malik ne doit son nom sur l'affiche en position proéminente qu'à sa notoriété : ses solos se fondent dans l'ensemble, qui sur son site le liste comme un membre normal) ; c'est du prog-jazz intéressant, captivant par moments, avec une sensation de temps ralenti et flottant.

Steve Coleman - Aquarius Ingress

Projet intriguant : 4 saxophones, 2 clarinettes, et rien d'autre. Nous avons donc, malheureusement platement alignés sur la scène de façon tristoune, Tony Malabi et Ravi Coltrane au saxophone ténor, Steve Coleman et Miguel Zenon au saxophone alto, Mike McGinnins et Chris Speed à la clarinette. Le premier morceau présente plusieurs manières d'organiser cette manière sonore : en un jeu d'échos et de décalages entre les voix, ou en ensemble compact sur lequel un soliste se distingue, etc. Une série de duos permettra à chacun de briller plus facilement. De manière générale, c'est là du jazz qui s'adresse plus à la tête qu'aux tripes ; les musiciens, tous exceptionnels, semblent se retenir presque tout le temps, soucieux de respecter le format général. Je connaissais déjà Coleman et Coltrane, je découvre particulièrement Malaby, à l'allure impressionnante et qui explore précieusement les sonorités les plus fragiles de son instrument, et Zenon, aux solos les plus naturels et expansifs.
Nombreux sont les spectateurs qui quittent la salle en cours de route, au goutte à goutte pendant les morceaux (le bruit sourd des portes qui claquent ponctuant de manière fort audible l'ensemble des souffleurs, qui ne produisent guère de basses fréquences) et en flux plus intense, entre eux : avaient-ils lu l'affiche ? à quoi s'attendaient-ils ?
Cette formation façon sextuor à vent est jeune ; ça manque encore un peu de spontanéité, ils s'écoutent beaucoup, cherchent un peu leurs marques ; mais le potentiel est là, original, prometteur, et plein à craquer de talents !

Voir aussi : Jazz à Paris, Allegro-Vivace

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