Kagel / Solistes EIC (Cité de la Musique - 9 Avril 2005)
Schattenklänge
Le sous-titre "Trois pièces pour clarinette basse" annonce le programme, qui contient donc :- une longue ligne ample et sinueuse, louvoyant dans les registres bas de l'instrument, et s'aventurant pour de rares moments dans les aigus
- une évocation beaucoup plus Free Jazz, sons arrachés, tempi fiévreux, amtosphères en surchauffe, avec des passages de souffles purs et une conclusion borborygmique
- du pointillisme, peut-être la même mélodie qu'en 1, mais livrée par quelques notes ou groupes de notes isolés, à l'auditeur de reconstituer les mots manquants.
Une oeuvre à la structure simple, directe, sans chichis, un beau cadeau aux amateurs des sonorités de la clarinette basse.
Zwei Akte
L'idée est originale : un duo réunissant l'instrument le plus masculin (le saxophone), et le plus féminin (la harpe). Les hommes harpistes et les femmes saxophonistes seraient donc si rares ?Distants au maximum sur le plateau, leurs discours initiaux se juxtaposent plus qu'ils ne dialoguent. Puis ils tentent de fusionner leurs sonorités, de s'amuser ensemble (il parle dans son saxophone, elle joue de la percussion sur sa harpe).
Mais globlalement, on ne s'éloigne jamais vraiment de la structure "chant accompagné", lui au chant, elle à l'accompagnement. Les rôles ne s'inversent ou ne s'échangent guère. Du coup, l'ennui s'installe assez vite, surtout que ça dure presque une demi-heure...
Sérénade
Du pur Kagel, tout en décalage, en humour, en fantaisie. Trois exécutants : Emmanuelle Ophèle, avec 4 flûtes ; Pablo Marquez, avec 4 ou 5 guitares ; Maxime Echardour, au milieu de percussions très hétérogènes, dont une vielle désaccordée.
Autour du thème de la sérénade, et de tous les clichés attenants, ces trois-là installent des moments loufoques, bricolages sonores et théâtraux, ponctués par des lancers de bouquets de fleurs qui viennent s'amonceler sur le devant de la scène.
Par exemple, le percussioniste frappe des castagnettes et tire les sons qu'il peut d'une scie musicale, tandis que la flûtiste vrombit, énervée, dans sa flûte basse, et que le guitariste plaque sans désemparer des accords d'une banalité à pleurer.
Ou alors, la flûtiste se lance dans des mélodies bucoliques et entrainantes, accompagnée de trilles de banjo, et de "plitch-plotch" frappés dans une bassine d'eau, auquel le percussioniste finit par adjoindre un gazouillis de sifflet.
L'oeuvre, éminement visuelle, ne doit pas avoir grand intérêt sur disque. Mais sur la scène de l'amphithéâtre de la Cité, plein cette fois-ci, elle apporte un air vif, joyeux, vivifiant, qui va bien à ce Week-End grisailleux.
Pendant les applaudissements, les musiciens jettent des fleurs au public, les chanceux des premiers rangs sortent garnis et odorants, et heureux...
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