Kagel / EIC (Cité de la Musique - 6 Avril 2005)
DoppelSextett
L'orchestre de chambre est deux fois divisé en deux : six cordes devant, six vents derrière ; six aigus à gauche, six graves à droite. Suite d'épisodes gentiment variés, l'oeuvre est tranquille, mais fade.Finale
Ecrite pour son propre cinquantième anniversaire, "Finale" se construit scéniquement autour d'un gag très Kagelien : au deux-tiers de l'oeuvre, le chef d'orchestre s'effondre, comme frappé d'une crise cardaque. Olari Elts, très jeune chef d'orchestre étrangement engoncé dans son costume, comme si hors du pupitre il ne savait plus très bien quoi faire de ses bras, réussit joliment sa chute. Hae-Sun Kang, en premier violon, se lève et conduit la suite, dont les tempi flottent du coup un peu, mais ce ne peut qu'être exprès.A part ça, comme souvent, Mauricio Kagel emprunte à beaucoup, un peu de Stravinsky ici, un peu de Ligeti là, mélange le tout avec un certain brio, et dissimule une sorte de désespoir tragique par des pirouettes de clown bouffon, l'orchestration frolant par moment le grotesque.
L'interprétation de l'EIC est de premier ordre, bien supérieure à la version 2E2M que je ne mettrais du coup pas sur la radio : tranchante, éclatante, elle en épouse les contours variés, et l'émotion cachée de l'oeuvre me devient accessible.
..., den 24.XII.1931
Comme le dit Zvezdo qui était là aussi, alors que la salle était à moitié vide (haut condamné, rangs clairsemés...), cette pièce est le "morceau de résistance". A partir d'articles de journaux écrits le jour de sa naissance, Kagel compose une suite de sept tableaux. Orchestration rutilante et raffinée, utilisation intelligente des gags (renversement d'une caisse pour l'effondrement de la bibiothèque vaticane, bottes militaires frottées sur une table pour la présence du nazisme, générateur électrique pour les cloches par télécommande... tout ce fourbi ne détourne pas de l'essence de la pièce, mais renforce au contraire chaque ambiance), soin donné au climat propre à chaque tableau (vociférations belliqueuses, ridicules et inquiétantes, du 3 ; le 4, extraordinaire, où sur un fond tendu d'angoisse souterraine, un soudard ivre hoquète les vertus des cigarettes légères et aromatiques ; les 5 et 6, d'une tristess plus classique ; le 7, en conclusion joyeusement ridicule, mais qui permet de soulager les tensions).Le baryton Roland Hermann fait merveille : sussurant, vociférant de rire, parlant-chantant, déclamant, il assure magnifiquement, et mange la scène avec une délectation enthousiasmante.
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