Ludwig van Beethoven - Concerto pour piano n°4 en sol majeur opus 58
Le Cincinnati Symphony Orchestra a une drole d'habitude : bien avant le début du concert, des musiciens en grand nombre s'installent sur la scène et jouent dans le désordre, pour prendre peut-être la température de la pièce, ou du public, ou pour chauffer les instruments. Dès que la sonnerie de rappel retentit, ils sortent précipitamment, pour revenir ensuite cérémonieusement. Entre ensuite le premier violon, puis enfin le chef d'orchestre, Paavo Järvi, et Hélène Grimaud. En souple pantalon noir, bras nus, chignon strict, teinture brune, elle avance d'une démarche assurée de danseuse, s'asseoit au piano, se concentre un moment, et lance la phrase introductive solo du concerto. Dans le premier mouvement, elle se promène sereine, déambule entre les thèmes, accumule un peu trop ostensiblement les montées et descentes de clavier, et flotte un peu trop au-dessus de la partition, comme pas spécialement concernée. L'orchestre répond avec un éclat souvent spectaculaire, et une maellabilité remarquable. Dans le second mouvement, plus introspectif, elle, courbée, ramassée, se la joue plus tourmentée, mais la fièvre romantique n'est pas vraiment son truc, elle est trop zen pour ça. Le troisième mouvement est un grand jeu entre la pianiste et l'orchestre, qui dansent fort joyeusement ensemble. Triomphe modeste de la belle, qui aurait pu nous offrir un bis, quand même.
Gustav Mahler - Symphonie n°5 en ut dièse mineure
Si le son du
London Symphony Orchestra ne m'avait pas plu dans la 7ème dirigée par Boulez, ce n'est pas la faute de la salle. Car le Cincinnati Symphony Orchestra est ici, dirigé par Järvi, tout à fait spectaculaire ! Trop, peut-être, et la même interprétation gonflée aux amphétamines serait sans doute insupportable en CD. Mais en concert, quelles claques ! Tout est lisible, marqué, et plein de détails surgissent, qui ne parasitent pas la partition (on n'est pas dans "Fantasia"), mais l'alimentent de suprises agréables ou insolites : un contrepoint au hautbois ici, un fond de percussion là, ou une métamorphose de la mélodie lorsqu'elle passe des violoncelles aux violons. La plasticité du son des cordes est particulièrement remarquable, et parmi elles, spécialement le premier violoncelle, dont la sonorité me fait penser à Yo-Yo Ma. Du coup, l'adagietto se suit avec un immense plaisir, et ne présente aucune trace de mièvrerie. Avec une telle aisance et une telle présence, j'aimerais entendre cet orchestre dans "Le Sacre du Printemps", ce devrait être de la dynamite !
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