Akram Khan - Ma (Théâtre de la Ville - 19 Novembre 2004)
Cette pièce se construit sur quelques oppositions, exploitant la tension entre les contraires. En premier lieu, l'opposition la plus douloureuse, entre l'obscurité totale, et l'éblouissement de spots violemment tournés vers le public (note aux éclairagistes : gaffe au gimmick, se faire aveugler devient rapidement lassant). L'opposition la plus fructueuse est musicale : d'un coté un percussioniste indien, accompagné parfois d'un chanteur, et de l'autre coté de la scène, une violoncelliste classique ; leur dialogue crée de très jolis moments.
Plus classiquement pour Khan, il s'agit aussi d'établir des ponts entre l'essence du Kathak, et des inspirations plus contemporaines. Des passages près du sol, en reptation ou en glissades, alternent avec des sequences debout, où les bras moulinent des mouvements spectaculairement vifs, comme des attaques d'art martiaux. Même si la troupe est d'un excellent niveau (toutefois pas intégralement homogène, l'ancienneté dans l'équipe est un atout visible pour se glisser dans l'esprit de cette danse qui cannibalise la tradition pour la revêtir d'atours tout ce qu'il y a de modernes), Akram Khan les surclasse tous. Dans les mouvements d'ensemble, il ajoute des fioritures pour rester dans les temps !
Malheureusement, il manque encore à ce jeune auteur un peu de maturité. Pour faire passer son discours, comme tout chorégraphe moderne qui se respecte, il décide de mettre du texte. Et alors qu'il est un prodigieux pédagogue dans ses spectacles de Kathak, il n'est pas un très bon dramaturge metteur en scène. Le récit du conte de la femme qui élève des arbres, effectué sans grande raison par deux danseuses tête en bas et une jambe tendue, alourdit, ralentit considérablement l'ensemble. Le spectacle, qui ne dépasse qu'à peine 1 heure, réussit à sembler long, principalement à cause de ses passages théâtraux mal maitrisés, et à peu près inutiles.
Cela dit, il réussit une nouvelle fois à prouver la validité du mélange danse indienne traditionnelle / danse occidentale contemporaine. Le reste viendra. A suivre avec passion !
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