samedi 23 novembre 2013

Stockhausen - Trans (Cité de la Musique - 13 Novembre 2013)

Voilà un concert assez étrange, consacré uniquement à des pièces de Karlheinz Stockhausen, dont une jouée deux fois pour respecter la volonté du compositeur, et toutes nécessitant une mise en scène bien particulière, qui fait que le chef d'orchestre François-Xavier Roth n’apparaîtra que pour les saluts, et un petit discours exhortant le public à signer une pétition visant à sauver l'Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden & Freiburg, menacé de fusion (il y a quelques années, c'était le choeur de Stuttgart qui était en danger il me semble ; ce soir, on retrouve les Neue Vocalsolisten Stuttgart, donc ils ont survécu ?).

Trans

Le premier choc est visuel. Sous le rideau de scène filtre une lumière rouge tirant sur le violet, et quand il s'ouvre lentement, l'orchestre apparaît, en fait uniquement les cordes, en rangs étagés, jouant comme un drone uniforme et puissant, derrière lequel le reste de l'orchestre, invisible, émerge plus ou moins distinctement. Des éléments scéniques interviennent périodiquement : solo d'alto, de violoncelle, de trompette, chacun avec son effet de mise en scène ; agitation soudaine des musiciens qui jusque-là très immobiles se mettent à tanguer tous ensemble, ou qui se focalisent sur un violon jouent des notes trop aiguës ... Enfin, le bruit de la navette d'un métier à tisser, sur bande et très amplifié,  vient régulièrement briser le cours de la musique.
Cette pièce traduit une vision qu'a eu Karlheinz Stockhausen au cours d'un rêve, et il y a un coté Lynchien dans cette demi-heure de musique flottante et insistante, où les musiciens baignent dans un milieu coloré et irréel.
trans

Bassetsu Trio

Un extrait de "Licht", pour cor de basset, trompette et trombone. Les musiciens effectuent une sorte de chorégraphie, d'abord sur scène puis dans le public. Mais je ne suis pas vraiment captivé, et finit par trouver ça long.

Trans

Après l'entracte, on reprend la même pièce. Curieusement, l'impression est assez différente : tout semble beaucoup plus rapide. Les interventions scéniques, maintenant connues, se révèlent bien régulièrement espacées, et apportent une touche comique qui soulage la tension radicale de la musique ; et cette dernière, surtout la part invisible qu'il faut chercher sous les cordes, excite assez l'oreille pour que l'attention ne se détourne pas un instant. Une pièce assez fascinante, en fait. Et rare, vues les difficultés de mise en scène.
trans

Menschen hört

C'est de nouveau un extrait de "Licht", cette fois pour sextuor vocal. Les deux sopranos, l'alto, le ténor, et les deux basses, apparaissent dans la galerie tout en haut, habillés de couleur spécifiques, et tenant chacun un globe représentant une planète. Périodiquement, ils changent de place, et finissent par disparaître dans les coulisses mais en continuant à chanter. Les lignes mélodiques sont d'une pureté cérémonielle assez intense, d'une beauté évidente et naturelle, qui suspend le temps. Magnifique, comme souvent ce qui vient de "Licht".
menschen hört

Mais après cela, l'écoute de "Unsichtbare Chöre", une bande magnétique de 50 minutes, me semble superfétatoire, voire anticlimatique, et je préfère m'abstenir (surtout pour un concert de milieu de semaine, déjà assez long comme ça).

Ailleurs : Michèle Tosi

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