Courtois Courvoisier Perraud (Le Triton - 4 octobre 2013)
Après son inauguration spéciale, voici le premier concert normal donné dans la seconde salle du Triton. Je me mets à l'étage, premier rang, la vue est bonne, quoique gênée par les barres de sécurité. A l'occasion d'un passage de Sylvie Courvoisier en Europe, c'est Vincent Courtois qui a monté ce trio inédit, en y associant le batteur Edward Perraud.
J'adore toujours autant Sylvie Courvoisier, et son sens de l'équilibre et de la mesure. Elle utilise des gadgets pour augmenter le spectre sonore, mais sans que ce soit du piano préparé ; plutôt du piano augmenté, avec des bandes adhésives, des billes métalliques, des baguettes coincées entre les cordes. Elle se lance dans des cadences véloces et intrépides, mais sans donner dans le déluge d'énergie, et on sent que si on ralentissait le flux, on y trouverait des mélodies. Même dans les notes attaquées en piqué papillonnant dans le registre aigu, il y a des accords classiques.
Armé d'une impressionnante armada de pédales d'effet, Vincent Courtois peut faire basculer le son de son violoncelle vers le violon ou vers la contrebasse, selon les besoins, et alterne entre archet et mains nues, entre boucles rythmiques et cris déchirants.
Edward Perraud aussi augmente sa batterie, à l'aide de pas mal de percussions, où les petites cymbales et le registre aigu en général sont privilégiés, et même un peu d'électronique avec un drôle de dispositif placé en bouche.
Entre eux trois, le plus surprenant, ce sont les imitations, Perraud répondant à l'aigu du piano par ses petites cymbales, ou imitant les coups d'archet de Courtois en raclant une cymbale sur un tome. La première improvisation dure dans les 40 minutes, et passe d'un climat à un autre, d'une vitesse à une autre, d'un leader à un autre, avec une maestria, un naturel, absolument stupéfiant et réjouissant, sans qu'on voie jamais les coutures.
La deuxième improvisation est plus rêche, avec des arêtes plus vives et plus coupantes. Un court bis, où Courvoisier se lance dans des clusters plus brutaux, conclut ce formidable concert, un splendide baptême pour la salle.
3 commentaires:
Ça devait être un chouette concert, mais pourquoi le programmer à 19h30 ???
Je pense que l'idée est de permettre (au moins théoriquement) aux gens d'assister aux deux concerts de la soirée : celui de la salle 2 à 19h30, puis celui de la salle 1 à 21h. Du coup, les concerts en salle 2 seront sans doute souvent en un seul set (mais pour de la musique improvisée, c'est habituel !). De fait, nous étions sortis avant le début du Padovani Quintet.
Du coup, on se demande quelle est l'utilité de deux salles. :-)
(jamais content celui-là)
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