Inauguration de la deuxième salle (Le Triton - 22 Septembre 2013)
le Triton s'offre une deuxième salle baptisée S2, avec un parterre qui peut on non recevoir des chaises, et un étage en gradin. A cette occasion, des invités prestigieux et habitués se succèdent de 14h à minuit, dans les deux salles, et c'est gratuit ! Des pauses obligatoires permettent de vider les lieux, pris d'assaut par la foule mais sans hystérie. J'y reste le temps de deux séquences, l'une dans la salle historique S1, puis dans la nouvelle S2.
Archimusic
C'est la formation la plus nombreuse de la journée, du coup pendant le temps assez long de mise en place, je leader Jean-Remy Guédon explique son projet Le Rêve de Nietzsche. Enfin ils commencent pour 2 ou 3 chansons - aucune prestation ne doit dépasser la demi-heure. Ce qui me frappe, c'est la cohérence pas évidente a priori du dispositif, qui réunit autour d'un centre rythmique étoffé (batteur + contrebassiste + bassiste électrique), un quatuor de vents qui se la joue classique (hautbois + clarinette + clarinette basse + basson), un duo de souffleurs furieusement jazz (saxophone + trompette), et un chanteur qui rappe autour de textes de Nietzsche. Et le tout marche admirablement, on se laisse emporter et transporter au sein des flux musicaux qui alterne ou conjugue ces différents blocs. Une belle démonstration du talent d'écriture de Guédon, et de la belle et forte musique, tout simplement.Domancich / Goubert
Si je me délecte des rythmes inventifs et variés de Simon Goubert derrière sa batterie, j'ai plus de mal à apprécier le piano de Sophia Domancich, qui reste trop en arrière-plan à mon goût.Léandre / Charolles / Robert
Musique improvisée, donc, aux marges du théâtre happening, et tout plein d'humour. Ça commence par Yves Robert qui promène son trombone à coulisse au ras de scène, comme s'il passait l'aspirateur, ça continue par le batteur Denis Charolles qui couvre ses fûts d'un bric à brac de percussions bizarres, tandis que Joëlle Léandre se lance dans un concours de grimace, tout en balançant l'énergie habituelle de sa contrebasse. Au milieu des surprises qu'ils essaient de se faire les uns les autres, Léandre et Charolles en quasi-bruitistes, Robert plus dans le poétique un peu lunaire, il sera beaucoup question, entre autres délires, de pâtisseries au chocolat.Je change ensuite de salle.
Atlas Duo
Entre la clarinette de Louis Sclavis et le piano de Benjamin Moussay, il y a beaucoup d'espace, de vent brûlant qui vient du désert, des évocations de paysages un peu terrifiants où la place de l'homme est incertaine, mais où la force de l'esprit souffle. Une musique sans esbroufe mais qui emmène loin.Andy Emler méga-quartet
Je ne pense pas que ce soit le nom officiel de cette formation, mais lancé comme une boutade, ça lui va bien ! On y trouve la maîtrise sereine du pianiste Andy Emler, la générosité tourmentée du contrebassiste Claude Tchamitchian, le lyrisme éclaté du saxophoniste Thomas de Pourquery, et la folie jubilatoire du trompettiste Médéric Colignon. Il en manque un : le batteur habituel de cette formation, Eric Echampard, n'a pas pu venir, et est remplacé au dernier moment par Edward Perraud, pour moins de sauvagerie animale, et plus de brillance multicolore : formidable capacité d'adaptation, il entre dans le jeu avec enthousiasme et à-propos, à peine cornaqué par Tchamitchian. Belle prestation d'ensemble, peut-être un peu trop balisée.Verlaine Les Airs
Cela commence par John Greaves au piano, accompagné par Guillaume Roy à l'alto ; puis il s'installe à la basse, Eve Risser le remplace au piano, Thomas de Pourquery et Jeanne Added donnent de la voix (Elise Caron est présente dans la salle mais aphone), Olivier Mellano pousse de grands coups de guitare. Musique pleine d'émotions, portée par les mots de Verlaine, par une instrumentation changeante et atypique (pas de batterie, entre autres, sans oublier l'alto virtuose d'un coté et une guitare électrique au son très rock de l'autre), et par les voix ; plaisir de retrouver la chair de poule que provoque Jeanne Added. Musique captivante, qui ne se donne pas entièrement à la première écoute, et qui me donne très fortement envie d'y retourner pour mieux l'approfondir.Passer de Nietzsche à Verlaine, mais en musique, voilà un beau programme d'après-midi !
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