Alexandre Astier - Que Ma Joie Demeure ! (Cité de la Musique - 20 Septembre 2013)
C'est à l'occasion de la sortie du DVD qu'Alexandre Astier reprend ce spectacle en tournée, en le remaniant un peu, ne serait-ce que pour l’accommoder aux béquilles qu'il doit utiliser suite à un petit accident survenu quelques jours avant.
Ce qui structure la pièce, c'est un cours que Bach doit donner à un public à peu près inculte, à l'occasion d'une journée porte ouverte à laquelle il tente, c'est l'introduction en voix-off, d'échapper en écrivant une lettre obséquieuse qui n'a pas les effets voulus. Quelques sorties émaillent cette longue journée pédagogique, qui éclairent des aspects plus ou moins inédits de la personnalité de Johann Sebastian Bach (qu'Astier insiste à prononce Back, sans indiquer pourquoi ...). J'apprends par exemple qu'il gagnait de l'argent en expertisant les orgues. D'autres anecdotes sont plus douteuses. Je ne pense pas qu'on sache grand-chose sur sa façon de diriger les ensembles (orchestraux ou vocaux) mis à sa disposition. Mais le pire est la page "ethnomusicologique", avec gamme chinoise pentatonique, polyrythmies africaines, et percussions d'Amérique du Sud ... Comme me fait remarquer un ami, déjà, chercher l'Allemagne sur la carte, c'est un anachronisme assez ridicule. Et si c'est fait exprès, c'est pas vraiment drôle ...
Coté musique, il n'y a pas grand-chose. Astier joue quelques airs sur un clavecin, histoire de démontrer le passage d'une mélodie au ternaire, ou au 15/16. Mais c'est de l'illustration. Le spectacle est un one-man show, sans aspect de concert.
Et est-ce drôle, donc ? Oui, c'est un bon moment. Mais rien de plus. Il faut un moment pour détacher de sa voix, de son débit, de ses structures de phrase, le personnage du roi Arthur qui dans Kaamelott s'en servait pour se batîr, et qui appartiennent en fait à Alexandre Astier, qui les utilise tels quels pour son Bach. On peut alors apprécier les dialogues simulés dans des situations absurdes, comme avec cette ruche installée dans les tuyaux d'orgue détachés. Entre Arthur et Bach, il y a aussi ce point commun d'avoir la conviction d'être entouré d'incapables ou de demeurés (auquel le public est assimilé, alors que nombreux y sont ceux qui savent lire une partition, même s'ils se laissent piéger par l'absence de clé !).
Par moments, il part plus vers l'émotion, quand il évoque la mort de ses enfants, par exemple. Ce ne sont pas mes moments préférés, surtout quand il sous-entend que Bach s'est astreint au contrepoint, une technique déjà obsolète en son temps, parce que cela générait une musique au flux ininterrompu, la mieux à même de réguler les problèmes d’arythmies cardiaques fatals à plusieurs de ses enfants (curieusement, on retrouve cette lourdeur du thème père-enfants dans le livre V de Kaamelott).
Une soirée agréable, mais qui ne sera sans doute pas particulièrement mémorable, et dont j'attendais plus.
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