Philippe Boesmans - Reigen (Conservatoire de Paris - 9 Février 2013)
C'est la première fois que je me rends au Conservatoire de Paris, pour y assister à un spectacle monté par les élèves du CNSMDP. Peut-être parce que le nouveau directeur a renoué avec cette ancienne tradition après une période d'arrêt ; peut-être parce que le spectacle était inclus pour une fois dans le programme de la Cité ; peut-être simplement parce que cette fois l'opéra monté est contemporain !
De Philippe Boesmans, je connaissais déjà Wintermärchen et Yvonne Princesse de Bourgogne. On remonte plus loin dans le temps pour cette adaptation de "La Ronde" d'Arthur Schnitzler : 10 couples successifs se séduisent et se séparent (la prostitué et le soldat, le soldat et la femme de chambre, la femme de chambre et le jeune homme, etc, jusqu'à la cantatrice et le comte, et enfin le comte et la prostituée). Cela donne un casting parfait pour des élèves, puisque sans rôles principaux ou secondaires. Ce sont les femmes qui brillent le plus, particulièrement, pour mon goût, Catherine Trottman ; d'autres préfèrent Laura Holm, mais je n'ai pas aimé la scène "le jeune homme et la jeune femme", ce qui l'handicape. Coté masculin, Romain Dayez fait l'unanimité, malgré une laryngite.
Le décor est unique, mais moins minimaliste qu'on pourrait le croire pour un budget qu'on devine réduit : il délimite un espace sombre et un espace clair, et des éléments de décor, mobilier essentiellement, ainsi qu'une projection sur le mur du fond, suffisent à caractériser les scènes successives. Jolis costumes, des années 20. Mise en scène fluide de Marguerite Borie, qui demande pas mal d'implication des acteurs, les rôles exigeant des déshabillages et beaucoup de contacts physiques ; certains en semblent un peu embarrassés lors de cette première.
Dans la fosse, ce sont aussi des élèves du CNSMDP, dirigés par Tito Ceccherini. Ils ne sont qu'une vingtaine : il s'agit en fait d'une très réussie transcription pour orchestre de chambre, écrite par Fabrizio Cassol (par ailleurs saxophoniste d'Aka Moon, qui intervenait dans Wintermärchen). Ecriture brillante et polymorphe, capable d'épisodes lyriques tonaux, de passages proches du parlé-chanté, ici une parodie de fanfare, là un choeur fantômatique, Boesmans choisissant dans un très vaste éventail stylistique en fonction du climat qu'il veut donner à chaque scène. Du coup, cela devient un langage sans grande identité, et peu mémorable.
Ailleurs : Musica sola, Bruno Serrou, Joël
Spotify : Reigen en version orchestrale, à laquelle je crois avoir préféré la version de chambre de Cassol.
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